8 méthodes (non certifiées) pour ne pas geler dans l'open space cet hiver
11 janv. 2024
6min
Gla-gla, il fait trop froid pour travailler ! Les flocons à l’extérieur nous rappellent tristement, que dans notre cœur aussi, c’est l’hiver. Le chauffage a lâché dans l’open space qui n’est plus traversé que par des courants d’air. Et vous êtes certains d’avoir observé une fine pellicule de givre se former à la surface de ce café oublié par un collègue déserteur. Les doigts engourdis, perclus par votre besogne, transit par le froid, comment s’en sortir ? Voici quelques astuces non certifiées.
1. La méthode oignon : juste un peu compliquée pour les passages aux toilettes
L’hiver est là, et soyons honnêtes, affronter le froid au bureau ne motive pas à travailler. Heureusement, il existe la technique de l’oignon. Une stratégie éprouvée depuis des générations, pour survivre aux températures polaires tout en restant élégant et productif. Le principe est simple, juxtaposer des couches de vêtements, qui, comme les multiples couches de la peau d’un oignon, vous protégeront de la morsure du froid. Première couche : mettez en contact avec votre peau un t-shirt et un legging thermique en lycra par exemple. Ce bouclier invisible, telle une cotte de maille en mithril, empêchera le froid de vous transpercer. Deuxième couche : en plus d’ajouter un peu de protection contre le froid, celle-ci doit aussi vous protéger contre les regards critiques de vos collègues qui pourraient planer sur votre flow du moment. Troisième couche : un pull douillet, une polaire, comme l’ultime barrière vous séparant de bibendum. Quatrième couche : en cas de courants d’air dans l’open space, un coupe vent ou un ciré feront l’affaire. On conclut cet emmitouflage par l’adage « bien dans sa tête, bien dans ses chaussettes »… Avec des grosses chaussettes donc.
2. Les mitaines : pour taper sur son clavier en alliant l’élégance au confort
D’après la science, la chaleur s’échappe de notre corps par les extrémités, les pieds, les mains et la tête. Alors telle une passoire thermique, on tente d’isoler au mieux ces parties : bonnet engloutissant le crâne ok, chaussettes rembourrées qui vous feront gagner trois pointures, check. Moufles, chSdk,dsd,ndjn;sdndqndqs,nd,nd,nds,;nd,,nd. Avez-vous déjà essayé de taper sur un clavier avec des moufles ? À part s’appeler George Perec et tenter de défier la créativité par la contrainte, ça n’est vraiment pas pratique. Par bonheur, l’inventeur de ce gant a eu l’intuition géniale de couper les doigts au niveau de la deuxième phalange, pour laisser libre sensibilité tactile à la pulpe de notre pouce, index, majeur, annulaire et auriculaire. Qui eut pu croire que cet accessoire porté dès le Moyen- Âge ferait un jour le bonheur des salariés d’open space ? Alors, forcément, elles vous donneront une petite touche Gavroche, voire miteuse, mais si vous optez pour un tissu en résille vous pourrez esthétiquement vous rapprocher du style Avril Lavigne, déjà plus contemporain. Tout en annulant l’effet chaleur. Les mitaines sont décidément un accessoire de mode clivant et intemporel. Sinon, les gants tactiles existent.
3. La Villa des coeurs givrés : passez par le bureau de votre crush
Votre palpitant bat la chamade chaque fois que vous entendez son nom. Lorsqu’il vous réclame prestement le « dossier 114 » votre petit cœur fait boum, boum, boum. À chaque envoi d’un mail de sa part, vous décelez les indices de ses sentiments réciproques… D’ailleurs, ces ASAP glissés subtilement dans sa prose ne signifient-ils pas « Amour sincère, aventure possible ? » Sauf erreur de notre part, non. Mais ce qui est sûr c’est que votre crush du bureau, active votre circulation sanguine plus vite que la caféine et fait sensiblement grimper votre température corporelle. Alors, la goutte au nez, foncez, sans trop réfléchir en trouvant prétexte d’un rien. Faites les cent pas devant son bureau, dans l’unique but de le croiser « comme par hasard ». Demandez-lui un avis tranché sur le changement de grains de café. Revenez lui en apporter une tasse… On ne garantit pas qu’il y ait fusion et acquisition cardiaque. Mais un peu de chaleur et de rose sur les joues. Et puis, cela fera peut-être avancer le schmilblick, car avouons-le, ce dossier commence à traîner en longueur. Si vous portez vos mitaines, c’est peut-être le début d’une glove story.
4. La prise de parole en public : laissez-vous envahir par le stress d’une petite prés’
Une grosse annonce à réaliser devant l’ensemble de la boîte met tout le monde en émoi ? C’est l’assurance d’une adrénaline anesthésiante que vous attendiez. Enlevez cette épine du pied de votre manager, qui avait déjà la pâteuse trois jours avant son passage à l’oral, pour la planter dans le vôtre. « Cette prés’, c’est pour moi chef ! » Devant l’assistance, l’ambiance est d’abord glaciale. Et puis, vous commencez par prononcer quelques mots un peu lunaires, les élucubrations d’un salarié soudain touché par la grâce, les cordes vocales rongées par le stress. Vous lisez l’incompréhension dans les regards de vos collègues, tandis que de grosses gouttes perlent sur votre front. En plus de remuer comme un lombric sorti de terre, vos mains deviennent moites, votre chemise s’assombrit au niveau de vos aisselles. Bref, la vie revient en vous en un geyser de transpiration. Pas très glam’, mais efficace. Une autre intervention, en anglais ? It’s even better ! Élevez votre niveau d’impréparation pour accroître la gêne et continuer à faire grimper le thermomètre interne : exit le Powerpoint, la prés’ se fera a cappella. Attention tout de même à ne pas devenir fiévreux ou être pris en grippe par votre boss.
5. L’alliance avec le vieux coucou de la boite : faites surchauffer votre ordi jusqu’à l’hyper-ventilation
De préférence, optez pour cette vieille machine un peu buggée que personne ne veut utiliser dans l’open space. Il paraît que cet ordi est de la première génération et a survécu au grès des mise à jour. Et pour cause, la légende raconte que c’était le perso de Michel, salarié retraité qui a tiré sa révérence il y a quelques années maintenant. Le sticker indélébile, « Michel 4ever » attestant encore de la dernière allégeance de votre ordinateur. Ce fleuron thermogène, au revers duquel vous pourriez faire cuire un œuf, vous enverra un doux souffle sur le bout de vos doigts bleutés (la seule limite des mitaines, si l’on accepte l’idée d’abonner le style). Astuce : ouvrir un maximum d’onglets et d’applications.
6. La négociation avec l’office manager : pour gagner une poignée de degrés
Si ce dernier s’appelle Markus et vient de Suède, la chance ne vous a pas pris sous son aile. Mais si c’est une Sabine en revanche, la discussion semble possible. Négociez. À l’instar de votre salaire, une technique consiste à donner une fourchette (élevée) et au-dessus de vos attentes réelles. « 22 à 28 degrés, ouais ça serait pas mal. Dans mon ancien travail, j’étais à 24 degrés celsius. » On dira de vous que vous exagérez, que vous n’êtes pas au sauna. On vous trouvera douillet, en manque de caractère, voire, que vous êtes un peu trop enfant gâté. Gardez à l’esprit, qu’il faut composer avec la sensibilité de tous et que tout le monde n’est peut-être pas aussi frileux que vous. Et d’ailleurs, qu’est-ce que vous foutez en t-shirt ? En matière de sobriété, vous n’êtes clairement pas à jour.
7. En télétravail votre chat sur vos genoux : « Viens mon chou, mon bijou, mon joujou, sur mes genoux, et jette des cailloux à ce hibou plein de poux »
Votre animal vous regarde travailler avec désinvolture ? Pire, il semble juger votre manque de dignité à vous avilir ainsi à de trop basses besognes pour sa noblesse… Tout ça pour lui payer son Gourmet Gold et sa litière. C’est trop ! Mettez à profit cet ingrat et activez sa fonction radiateur portatif. En bonne intelligence, proposez à votre compagnon à quatre pattes de se mettre au service du PIB. Si chaque télétravailleur formait ainsi un binôme avec son félin, la productivité nationale pourrait en effet atteindre des sommets. Cercle vertueux de la croissance : l’économie en pleine bourre, les patrons ne pourraient qu’augmenter les salaires… Vous pourrez alors upgrader en passant à de l’Ultra Premium et resserrer vos liens affectifs avec minou. L’amour au temps du capitalisme. Si vous n’avez pas d’animal, gardez celui d’un ami, rendez-vous dans un bar à chats ou devenez pet sitter. Fun fact : saviez-vous que le mot « mitaine » est issu de « mite » qui signifie chat en vieux français ? C’est tout pour l’édification de l’âme.
8. La méthode Bear Grylls : le froid, c’est dans la tête
Les voies de la nature sont impénétrables : il fait froid, et alors ? Au lieu de ressasser vos souffrances, embrassez-donc ces basses températures en vous répétant que « Le froid c’est dans la tête, le froid c’est dans la tête ! » Et quand vos phalanges glacées cogneront contre les touches de votre clavier : « La douleur c’est dans la tête, la douleur c’est dans la tête ! » Si 16 rugbymans ont réussi à survivre à un crash d’avion et à 72 jours perdus au beau milieu de la Cordillère des Andes, vous pouvez y arriver. Bon, on ne vous recommande pas en revanche de bouffer vos collègues pour vous donner un peu d’énergie comme eux ont dû le faire. Côté maladie, rien à craindre, contrairement aux infox colportées par les médecins du Dimanche de Doctissimo, on n’attrape pas « un coup de froid », ce dernier atténue juste nos défenses immunitaires, mais il ne nous transmet pas de germe, de bactérie ou de virus. Vous pourriez donc vous balader en tenue d’Adam dans l’open space (avec vos mitaines) que vous seriez encore en bonne santé (sauf si votre voisin vous refile sa grippe). Cela fera sans doute monter le Mercure.
Bonus : exercer votre droit de retrait, le coup de chaud pour votre employeur ?
Le droit de retrait est un concept juridique qui donne à un travailleur le droit de se retirer de sa tâche ou de son lieu de travail en cas de situation présentant un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé… Vous n’en êtes certes pas là. Est-ce qu’il caille suffisamment dans vos bureaux pour vous saisir de ce droit ? Pas forcément. La loi reste flou au niveau des obligations de l’employeur et les normes thermiques restent indicatives : un chauffage qui fonctionne et une température « convenable » (autour de 20° pour les bureaux.) Après, lâcher le mot « droit de retrait » pourrait simplement briser la glace et amener votre employeur à réfléchir…
Article édité par Marguerite Valiere, photographie par Thomas Decamps
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