Manager au travail, leader partout : êtes-vous un chef omniprésent ?

08 oct. 2024

5min

Manager au travail, leader partout : êtes-vous un chef omniprésent ?
auteur.e
Laure Girardot

Rédactrice indépendante.

contributeur.e

Vous êtes manager, et partout où vous allez, vous gérez, dirigez, conseillez ? Ce comportement quasi pavlovien vous cause quelques déboires ? Découvrez les 4 signes révélateurs de l’omnipotence managériale… et des solutions pour vous en libérer.

Être manager, c’est bien plus qu’un poste, c’est une vocation. Cela implique de guider les autres, de prendre des décisions et d’organiser le travail de manière efficace. Mais pour certains, le rôle dépasse les murs du bureau et infiltre tous les aspects de la vie personnelle : dîner entre amis, vacances en famille, ou même simples moments de détente. Voici 4 situations types de management sans frontières dans lesquelles vous vous reconnaîtrez – ou pas – et les conseils d’un pro pour réguler vos instincts.

Situation n°1 – Vous donnez des conseils non sollicités dans tous les contextes

Vous êtes avec des amis dans un café… Mais voilà, dès qu’un sujet est abordé, vous ressentez le besoin irrépressible de donner votre avis. Que ce soit sur la gestion des finances, les choix alimentaires ou même sur l’organisation du jardin, vous avez toujours une opinion à partager. Et vous pensez aider, bien sûr. Cependant, vos interventions non sollicitées finissent souvent par se transformer en logorrhées, voire en véritables sermons.

Résultat ?

Vos proches commencent à éviter de vous consulter, non pas parce qu’ils n’apprécient pas votre expertise, mais parce qu’ils en ont assez d’être constamment « gérés ». À force d’imposer votre point de vue, vous risquez de créer de la distance. Plus grave encore, votre entourage se sent privé de sa liberté d’opinion, que ce soit dans la sphère personnelle ou professionnelle.

L’analyse du pro

« Ce comportement est souvent lié à un besoin de validation et à la peur de l’avis contradictoire. Le manager impose son opinion pour être sûr d’avoir raison, mais cela cache souvent un manque de confiance en soi », explique Clément Bergon, formateur, enseignant en école de commerce, créateur de la chaîne YouTube « La Brève du Manager » et auteur du livre Bon Manager : Mode d’Emploi.

Solution ?

Apprenez à prendre du recul et à observer ces situations récurrentes. Il est important de comprendre que ce besoin de contrôler vient de vous, pas des autres. Parfois, laisser de la place aux avis contradictoires peut enrichir la discussion et réduire les tensions. C’est un peu le but d’une équipe, non ?

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Situation n°2 – Vous jouez les guides pendant les vacances

Partir en vacances, c’est pour beaucoup un moment de déconnexion et de repos. Pas pour vous ! Vous avez soigneusement planifié votre emploi du temps : chaque activité est programmée, chaque repas est organisé. Vous avez même rédigé des fiches sur les choses à faire, et vous veillez constamment à ce que tout le monde respecte le programme à la lettre.

Résultat ?

Plutôt que de profiter du moment, vos proches se sentent rapidement étouffés par votre besoin de tout organiser et contrôler. Ce perfectionnisme qui vous aide souvent à être un excellent leader au travail, devient ici une source de frustration pour les autres. À force, vos proches finissent par vous éviter, voire par refuser de partir avec vous.

L’analyse du pro

« Ce besoin de structuration extrême reflète souvent une quête de reconnaissance », explique Clément Bergon. « Certains managers ont du mal à accepter que les autres n’aient pas le même niveau d’exigence. Cela conduit souvent au micro-management : on valide tout, on va dans les moindres détails, au lieu de laisser l’équipe ou ses proches prendre en main la situation. »

Solution ?

Le lâcher prise. Il est essentiel d’apprendre à déléguer, d’après Clément Bergon, que ce soit au travail ou dans la vie privée. « Acceptez que tout ne soit pas fait exactement comme vous l’auriez souhaité. » En laissant les autres trouver leur propre voie, vous libérez de la place pour la spontanéité et vous leur permettez d’apporter leurs propres solutions.

Situation n°3 – Vous adoptez une posture directive malgré vous

À un barbecue entre amis, sans vous en rendre compte, vous prenez les commandes : qui s’occupe des grillades, qui s’assure que les boissons sont fraîches, qui nettoie après ? Chacun finit par se voir assigner une tâche, et la légèreté du moment se transforme rapidement en une opération militaire parfaitement orchestrée… par vous.

Résultat ?

Vos amis commencent à se sentir dépossédés de leur moment. Ce qui devait être une parenthèse de détente devient un environnement contrôlé, où chacun se plie à vos directives de chef de projet. Les tensions montent, et vos relations personnelles en souffrent.

L’analyse du pro

« Un style directif fonctionne bien dans des situations d’urgence, où il faut agir vite et fixer un cadre clair, comme lors d’une prise de poste ou d’un changement soudain », explique Clément Bergon. « Mais en dehors de ces contextes, ce comportement devient toxique. »

Solution ?

Modérez votre autorité. Vous devez être capable de reconnaître les moments où il est nécessaire d’intervenir, et ceux où il est préférable de laisser les autres prendre la main. Sur le long terme, il est essentiel de ne pas étouffer la créativité et l’autonomie des autres.

Situation n°4 – Vous imposez vos opinions pendant les repas de famille

Autour de la table familiale, le simple fait qu’un sujet soit lancé – qu’il s’agisse de politique, de santé ou d’éducation – suffit à déclencher chez vous un besoin irrépressible d’exposer votre point de vue. Et pas seulement de le partager, mais aussi de vous assurer que chacun l’adopte. Petit à petit, la conversation légère se transforme en débat, puis en monologue où vous cherchez à avoir le dernier mot.

Résultat ?

Vos proches abdiquent pour ne pas prolonger la discussion, mais ils en ressortent frustrés. Avec le temps, ils évitent de discuter de certains sujets avec vous pour ne pas risquer une confrontation. Cela peut créer une forme de distance émotionnelle, où chacun finit par se replier sur ses propres positions.

Le conseil du pro

« Ce besoin d’imposer son avis est souvent une réaction au stress ou à une forme d’insécurité », rappelle Clément Bergon. « Cela découle en général d’un manque de confiance en soi, renforcé par la crainte de perdre le contrôle. »

Solution ?

Prendre conscience de son comportement est essentiel. En situation de stress, apprenez à vous observer : qu’est-ce qui déclenche chez vous ce besoin d’imposer votre point de vue ? Une fois ce mécanisme compris, travaillez à lâcher prise et à laisser les autres exprimer leurs opinions sans chercher à les convaincre.

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Cultivez le lâcher prise

Pour de nombreux managers, le contrôle est devenu un réflexe, souvent dû à une peur de l’imprévu ou à un perfectionnisme exacerbé. « Il est crucial d’accepter que tout ne peut pas toujours se dérouler selon nos standards », explique Clément Bergon. Commencez par déléguer des tâches simples sans intervenir, même si elles ne sont pas réalisées comme vous l’auriez fait. Observez comment les autres trouvent leurs propres solutions. Cela peut être un excellent moyen d’apprendre à faire confiance.

Posez-vous les bonnes questions

Beaucoup de managers interviennent par habitude car, selon Clément Bergon, c’est plus confortable pour notre cerveau qui, parfois, préfère rester dans une situation insatisfaisante que de changer ! L’expert propose un exercice simple en trois questions pour conscientiser le problème et se mettre en action :

  1. Quelle est l’origine du problème ou de l’erreur ?

  2. Qu’ai-je pu faire, dire ou croire qui a contribué au problème ?

  3. Que vais-je apprendre pour résoudre ce problème à l’avenir ?

Musclez votre confiance en vous

Quand on manque de confiance, on compense en contrôlant son environnement, selon Clément Bergon. Or, la confiance en soi est d’abord une équation circonstanciée : « Elle se développe en évaluant la soustraction – négative ou positive – entre ce que l’on pense pouvoir faire (nos ressources et compétences) et ce que l’on croit devoir accomplir (les exigences perçues) ». Réfléchissez à cette différence entre ce que vous êtes capable de faire et ce que vous pensez devoir faire pour une action ou une situation donnée.


Article écrit par Laure Girardot, édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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