Arrêt maladie : 5 conseils pour gérer la reprise d’un salarié
04 mai 2023
4min
Le retour d’un salarié après un (long) arrêt maladie pose des défis aux managers, tant au niveau de l’accompagnement que de la santé des collaborateurs. Alors comment y faire face ? Voici nos conseils pour bien gérer la reprise d’un collaborateur.
Dépression, troubles musculo-squelettiques, maladies graves : nombreuses sont les raisons de se mettre en arrêt maladie pour un salarié. En 2022, selon une étude Malakoff Humanis), ces arrêts concernent 42 % des français, et dans cette proportion, 14 % des absences durent au moins 97 jours ! Vient ensuite le temps du retour au travail. Si vous ne voulez pas pénaliser votre salarié sortant de congé – et votre équipe toute entière –, bien préparer cette étape est crucial. Auquel cas, vous prenez le risque que votre employé vive mal sa reprise, comme 13 % d’entre eux. Oui mais comment s’y prendre en tant que manager ? Jean-Christophe Villette, psychologue du travail et directeur du cabinet Ekilibre conseil, et Caroline Duperray, experte en innovation managériale, vous partagent leurs conseils pour traverser cette période charnière pour votre salarié comme pour vous.
Comment gérer la reprise d’un salarié après un arrêt maladie ?
1. Ne pas demander à son collègue quand il sera de retour
Si l’arrêt de votre employé est de longue durée, il peut être tentant de lui envoyer un message pour le questionner sur son éventuel retour. Ce mail qui semble banal peut néanmoins avoir un effet délétère sur votre collègue. D’autant plus que, quand il ou elle sera apte à reprendre le travail, vous le saurez : « En France, pour un arrêt de travail supérieur à trois mois, il y a une visite médicale obligatoire avant la reprise. C’est dans le cadre de ce rendez-vous avec la médecine du travail que l’aptitude à reprendre et les accompagnements qui pourraient être proposés sont déterminés », explique Jean-Christophe Villette. Un mi-temps thérapeutique peut ainsi être recommandé et instauré en guise de transition, par exemple. En bref, veillez à ne pas vous montrer pressé et oppressant, ce qui pourrait être perçu comme une pratique toxique. Vous serez au courant bien assez tôt du come-back de votre salarié.
2. Se faire former pour mieux appréhender ces situations
Ce n’est pas tous les jours qu’un salarié revient d’un arrêt maladie de longue durée. Il est donc normal pour un manager de ne pas avoir toutes les clés pour gérer sa reprise. Voilà pourquoi la sensibilisation et la formation deviennent indispensables. « Il est important d’identifier si le manager a reçu la formation nécessaire pour accompagner un salarié dans le cadre de ce moment de transition, qui est sensible. Il doit pouvoir réunir un maximum de conditions pour favoriser la réussite de ce retour en situation de travail, et cela s’apprend », explique Jean Christophe Villette, psychologue du travail. En plus des formations aux risques psychosociaux, il est conseillé aux managers de préciser au salarié toutes les ressources de soutien auxquelles il peut accéder dans l’entreprise. Parmi elles : l’équipe RH, le service de santé au travail – qui peut lui-même mettre à disposition des psychologues du travail –, la cellule de soutien qui est mise en place par l’employeur… Au plus l’employé se sentira accompagné dans sa réintégration, au moins sa santé psychique et physique sera impactée. Le retour à la normale sera donc plus vite possible. Et c’est un cercle vertueux puisque des équipes qui vont bien, c’est une entreprise qui va bien.
3. Miser sur des points de suivi réguliers
Vous vous en doutez, la clé d’un retour réussi réside dans la communication. Afin que les attentes ne soient pas trop élevées d’un côté comme de l’autre, il est pertinent de mettre en place un système de feedback régulier. « Cela va permettre à l’employé de partager ses besoins et ses préoccupations tout au long du processus de réintégration. C’est essentiel, surtout quand on sait que dans le cas des salariés sortant d’un burnout, il y a souvent eu un défaut de communication au niveau de l’encadrement. » Vous pouvez organiser ces points de suivi en présentiel, avec des membres des ressources humaines, ou via « des plateformes en ligne spécialisées comme Lucca, mises à disposition par les entreprises », précise Caroline Duperray. C’est grâce à ces échanges que vous pourrez vous rendre compte de l’état de votre collaborateur à son retour et mesurer son évolution tout en évitant le fiasco.
4. Adapter les missions du collaborateur reprenant le travail
Quand vous n’êtes pas bien, vous ne voulez faire que des activités que vous aimez. À la fin de l’arrêt maladie, c’est pareil pour vos employés… d’où l’intérêt de pratiquer le job crafting pour une reprise en douceur. « Il s’agit d’encourager l’employé à adapter son poste en fonction de ses compétences et de ses intérêts actuels. Il faut sortir un peu la tête de la fiche de poste en ajustant sa façon de travailler dans l’organisation ou dans les missions », explique Caroline Duperray. Le but ? Rendre le job plus attractif pour le collègue qui revient. Parfois, adapter les missions ne suffit pas au bien-être et dans ce cas, il peut être envisagé de changer de service pour prendre un nouveau départ.
5. Ménager les autres membres de l’équipe
Si ce collaborateur est amené à faire uniquement les tâches qu’il désire à son retour, tout ce qu’il juge indésirable devra être accompli par quelqu’un d’autre. Et pour ce faire, vous allez devoir instaurer une rotation avec les collaborateurs qui s’en sentent capables. Pour se prémunir de l’éventuelle fronde que ce surplus de travail entraînerait, Caroline Duperray conseille de mettre en place « un roulement de tâches ». Et ajoute : « Elles ne sont pas forcément attribuées tout le temps à la même personne. Une vraie rotation doit s’opérer, sinon certains pourraient y voir du favoritisme ». Le plus important dans cette période complexe est de communiquer chaque décision au collègue de retour, mais aussi au reste de l’équipe, afin de trouver le juste équilibre et de maintenir la cohésion.
Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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