Managers : ces petits mythos que vous avez grillés au sein de votre équipe…

23 mai 2024

5min

Managers : ces petits mythos que vous avez grillés au sein de votre équipe…
auteur.e
Alix Mardon

Journaliste

contributeur.e

Les (petits) mensonges sont plus communs qu’on ne le pense au travail. Souvent inoffensifs, certains peuvent impacter la cohésion et la confiance au sein d'une équipe. Entre fausse excuse et vie inventée, quels sont ceux que vous avez grillés ?

Le diable achète du Prada

Le mytho grillé par Camille (1)

À l’époque, je travaillais dans le textile, à Londres. Dans ce domaine, on fonctionne beaucoup en faisant ce qu’on appelle « de la concurrence » : il s’agit de faire du shopping chez d’autres marques pour du repérage. Une fois les achats effectués, des notes de frais sont établies et les achats défrayés. Une nouvelle recrue venait d’être intégrée à mon équipe et ne participait pas encore à ce fameux shopping de veille concurrentielle. Pourtant, en déposant mes notes de frais dans la corbeille de la comptabilité, quelle ne fut pas ma surprise d’y trouver des notes à son nom… apposées de ma signature ! J’ai décidé d’en discuter avec elle pour essayer de comprendre. Malgré des montants peu importants, peut-être faisait-elle ces fausses notes de frais à cause de soucis financiers ? J’ai entamé la conversation, mal à l’aise, et me suis heurtée à des excuses terriblement brouillonnes : « Je me suis trompée, je n’ai pas fait exprès… ». Le temps de décider de ne finalement pas remonter l’information, elle a mis fin à sa période d’essai et est partie un mois plus tard.

Vacances à tout prix !

Le mytho grillé par Lise (1)

Je travaillais en Chine, où on a moins de vacances qu’en France. Notre stagiaire avait déjà consommé tous ses congés lorsqu’il a débarqué un jour, la mine déconfite. Tout le monde s’est inquiété et l’a interrogé, jusqu’à ce qu’il nous raconte que son grand-père était mourant. Il a donc demandé à rentrer en France pour être auprès de sa famille pour quinze jours. Évidemment toute l’équipe a accepté. On a même créé une cagnotte pour l’aider à payer ses billets d’avion ! Puis, en son absence, je suis tombée sur lui dans une story Instagram. Pas de chance : la communauté française se connaît bien en Chine. Le stagiaire était en fait en Thaïlande, en train de vivre ses meilleures vacances avec ses copains ! Je lui ai alors demandé de ses nouvelles, me disant qu’il aurait peut-être l’honnêteté de me dire la vérité mais non, il s’est enfoncé. Entre l’aspect émotionnel, professionnel et financier, son mensonge impactait trop de choses. Je n’ai pas de problème avec ce qu’on appelle les « white lies », mais là c’était trop et je ne pouvais pas cacher ça à l’équipe. Je lui ai envoyé un message disant que je l’avais vu, et qu’il devait avouer, sans quoi je serais obligée de tout raconter. Il ne m’a jamais répondu, mais a appelé notre directeur pour lui expliquer la situation. On ne l’a plus revu dans la boîte après cela.

Murder on the dancefloor

Le mytho grillé par Perrine (1)

Un collaborateur est passé me voir un mercredi pour demander s’il pouvait prendre son vendredi. La veille pour le quasi lendemain : c’était déjà un timing très short. Mais ce vendredi était particulièrement compliqué car l’une de nos collègues était en vacances, et la période était intense. Ma réponse a donc été « non ». Il a accepté la sentence, mais m’a lancé : « Ok, je ne dormirai pas de la nuit, mais je serai là… ». Intriguée, je lui ai demandé une explication et il m’a annoncé avoir été booké comme DJ pour une soirée select. Malheureusement, la réponse restait la même : l’équipe avait besoin du plus grand nombre. Grosse surprise lorsque le vendredi matin, j’ai reçu un message de sa part aux aurores : « Je ne me sens pas bien. Je vais chez mon médecin ». Il m’a envoyé son arrêt, mais la coïncidence était tellement énorme que j’ai voulu vérifier. J’ai constaté qu’une amie le suivait sur Instagram et je lui ai demandé s’il avait posté des stories. Bingo : on le voyait mixer en soirée et le lendemain, jour de son arrêt, tranquille dans un parc. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais le mercredi suivant, j’ai reçu le même message de « maladie ». J’en ai déduit que son contrat s’étendait sûrement sur deux jeudis et j’ai redemandé à mon amie de me partager sa story. Rebelote ! Au retour du week-end, je l’ai convoqué pour lui laisser une chance de dire la vérité. Je lui ai expliqué que je savais ce qu’il avait fait et que c’était le moment d’être honnête. Il a tenté de me mentir puis, face aux preuves, il a avoué. J’ai décidé de lui laisser une seconde chance, mais cette histoire a sensiblement affecté la confiance que j’avais en lui.

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On vous en dit plus ?

Le dégât de trop

Le mytho grillé par Yanis (1)

À l’époque, je travaillais dans le secteur culturel et depuis j’ai abandonné ma position de manager, en partie à cause des petits mensonges et petites tricheries des membres de mon équipe. Le manque de confiance que cela induit et surtout l’impuissance que cela génère ont fini par me gonfler… Je manageais cinq personnes, dont une était là depuis 25 ans. C’était vraiment le cliché du profil indéboulonnable car très (trop) installé dans l’entreprise. Cette salariée était globalement infecte avec l’ensemble de ses collègues, et même à l’origine de harcèlement moral. Elle se savait évidemment problématique et se rendait indispensable auprès de la direction en devenant une sorte de « dame à tout faire » pour sécuriser sa place. Autant dire qu’honorer la partie sociale intrinsèque à l’esprit d’équipe n’était pas du tout sa priorité. Lors de deux pots d’accueil à un mois et demi d’intervalle, elle a donc essuyé deux « dégâts des eaux » aux timings très accommodants pour échapper à son devoir social. Lorsque je l’ai confrontée, je n’ai rien obtenu d’elle à part des sous-entendus narquois et des sourires moqueurs. Je n’ai pas reçu beaucoup plus de soutien de la part de ma direction qui m’a simplement répondu : « Oui avec elle, c’est comme ça ».

Jamais deux sans trois

Le mytho grillé par Sandra

Je m’entendais très bien avec Justine, une stagiaire de mon équipe. J’étais un peu sa confidente et elle me racontait se faire draguer par le manager d’un autre service, qui lui assurait ne pas avoir d’engagement sentimental ailleurs. Lors d’une soirée d’entreprise, ils se sont embrassés à l’abri des regards et ont passé la nuit ensemble. Mais le lendemain, le choc ! Il a annoncé à toute la boîte que sa copine attendait un enfant de lui. Justine est tombée des nues, et elle n’était pas la seule. On a appris plus tard que notre collègue Pauline avait une relation avec lui depuis un an, et en était folle amoureuse. Pauline s’est confiée à Justine et elle lui a expliqué que suite à l’annonce, il lui avait promis une lettre pour revenir sur cette année de « relation ». La lettre n’est jamais arrivée mais à la place, le faire-part de naissance de sa fille avec une note : « J’ai hâte de te la mettre dans les bras ». Face à la folie de la situation, Pauline et Justine sont devenues proches. Pauline nous a dit un jour qu’elle ne s’était jamais méfiée de Justine, mais d’une autre de nos collègues. Gagné : il avait une relation de sex friends avec elle aussi ! J’ai toujours attendu qu’il fasse un pas de travers pour lui tomber dessus mais, comme un vrai pervers narcissique, il était absolument charmant en société. Le jour où il a quitté la boîte pour d’autres raisons, le management et moi-même lui avons envoyé un mail pour lui expliquer pourquoi nous ne viendrions pas à son pot de départ, à cause de la gravité de ses actes et la perversité dont il faisait preuve. Il a simplement répondu qu’il comprenait et qu’il avait par ailleurs toujours éprouvé une sincère sympathie pour moi.

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(1) Les prénoms ont été modifiés
Article rédigé par Alix Mardon, édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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