Ces 9 retours que vous auriez aimé faire à votre boss... Mais n'avez jamais osé

09 févr. 2023

6min

Ces 9 retours que vous auriez aimé faire à votre boss... Mais n'avez jamais osé
auteur.e.s
Manuel Avenel

Journaliste chez Welcome to the Jungle

Gabrielle Predko

Journaliste - Welcome to the Jungle

Aurélie Cerffond

Journaliste @Welcome to the jungle

Ô toi qui n’a jamais osé dire ce que tu penses à ton bien (ou mal) aimé supérieur hiérarchique : on te voit, on t’écoute, tu n’es pas seul. Mieux, nous te dédions ces lignes…

« Boss, assieds toi, faut que je te parle… » Plus qu’un refrain (pour ceux qui ont la ref’), combien de fois avons-nous rejoué dans notre tête, une scène déjà vécue au bureau ? Sauf que dans nos versions revisitées - et un brin fantasmées - , comme par magie, en parfaite symbiose, notre répartie incroyable, ainsi que notre parfait langage corporel, nous permettent de donner une bien meilleure prestation que celle que nous avons livrée IRL.

Puis le réveil pique : dans la vraie vie, l’occasion de dire ce que l’on pense à notre N+1, est bel et bien passée. Un sentiment frustrant, qu’on a décidé de conjurer ensemble, en vous laissant exprimer, a posteriori, toutes les remarques constructives, que vous n’avez jamais osé dire de vive voix à votre manager.

1. « Je ne suis pas ton animal de compagnie »

Linda, community manager

À l’époque j’étais impressionnée par mon patron, qui est une véritable figure emblématique dans mon milieu. Je le croisais dans les bureaux, et lui disait poliment “bonjour”, mais ça s’arrêtait là. Un jour, alors qu’il partait à l’aéroport chercher un client VIP, il m’a interpellée dans le couloir pour me demander de l’accompagner. J’étais surprise, mais je me suis exécutée, en laissant en plan ce que j’étais en train de faire. Une fois dans la voiture, j’ai compris qu’il avait un long trajet à faire, - et du temps à tuer donc - , l’occasion parfaite selon lui, pour faire connaissance avec sa nouvelle recrue. Et voilà comment je me suis retrouvée à faire un aller-retour de deux heures en bagnole pour faire la causette à mon patron… et combler un trou dans son agenda. Salariée de compagnie quoi. Aujourd’hui, je défends mon planning et mon temps de travail que j’estime tout aussi précieux que celui de mes responsables.

2. « Non les employés ne valent pas moins que les cadres »

Rodolphe, directeur commercial

C’est la réponse que j’aurais dû donner à mon boss, le jour où il m’a dit texto « je pense que niveau intégration, tu peux faire mieux que ça. » Mon tort selon lui : passer trop de temps avec la team “employé”, aka les producteurs du studio en face de mon bureau, versus mes voisins d’open space c’est-à-dire les cadres supérieurs, du même statut que moi. Comme s’il y avait des salariés de seconde zone. Je m’intéresse aux personnes pour ce qu’elles sont et non pour leur niveau hiérarchique dans la boîte ! Le pire, c’est que, bien que je trouve sa remarque révoltante, sur le coup, j’ai séché complètement. J’ai répondu docilement : « Oui bien sûr je vais faire des efforts. » Ahhh… Je me déteste. Mais on ne m’y reprendra plus, à la prochaine remarque je dégaine mon meilleur argumentaire pour déconstruire ses préceptes managériaux d’un autre temps.

3. « Pourquoi tu ne m’inclus pas dans les réunions qui me concernent ? »

Chloé, juriste

Dans une ancienne entreprise, mon manager avait la fâcheuse tendance à ne pas m’inviter aux réunions qui me concernaient. J’étais très frustrée de l’entendre (à travers les murs fins des salles de réunion) parler de MES sujets, ceux que je maîtrisais sur le bout des doigts, sans pouvoir prendre part à la discussion. Je le vivais comme un vrai manque de confiance en mes compétences alors que j’avais pourtant de très bons résultats. Il aurait au moins pu prendre mes retours en amont, me demander si je souhaitais participer ou s’il pouvait me représenter, mais non. Le pire, c’est qu’il me faisait ensuite le débriefing de ces points pour me présenter les décisions qui avaient été prises sans moi… et qui ne me convenaient pas, forcément. Ma faute, c’est que je n’ai pas osé en parler car j’avais peur de passer pour une salariée avec un gros égo alors qu’avec le recul cette remarque était vraiment justifiée !

4. « M’épier constamment m’étouffe et m’empêche de performer »

Thibault, commercial de terrain

Dans cette entreprise, le patron était un grand adepte du management à l’américaine. Très compétitif, on aurait pu croire qu’il avait échangé son âme contre celle d’un requin. Son truc, c’était les chiffres : le nombre de ventes que je faisais, mes performances par rapport à mes collègues, le temps que je passais au bureau, les quelques minutes que je passais de trop en pause … Tel Passe-Partout, il se pensait maître du temps et surtout, maître du mien. Je me sentais épié et je le vivais surtout comme un vrai manque de confiance, alors que j’étais pourtant investi dans mes missions. J’étais junior à l’époque, donc je n’avais pas l’assurance de lui dire qu’avoir l’œil de Big Brother posé sur moi ne me poussait en rien à être plus performant que la veille, mais au contraire que cela m’inhibait complètement. Maintenant, je mets un point d’honneur à ce que mon superviseur considère le bien-être des employés comme un facteur de performance, plutôt qu’une légende urbaine.

5. « Et non dommage… je ne peux pas lire dans tes pensées »

Julia, chargée de communication événementielle

À peine arrivée dans l’entreprise, j’ai vite compris que ce patron n’était pas un tendre, mais plutôt un éternel insatisfait. Mécontent lorsque « je ne prenais pas assez d’initiatives », il l’était encore plus lorsque je prenais les devants. J’avais l’impression de marcher sur une zone minée. À tout moment, la bombe (aka mon boss), allait me sauter au visage. Heureusement que j’avais quelques années d’expérience et que les clients me disaient être contents de mon travail, sinon j’aurais vraiment cru être le vilain petit canard. J’aurais aimé lui dire que même si les avancées technologiques sont fulgurantes ces temps-ci, aucune machine à télépathie n’a encore vu le jour. Il serait donc bon d’apprendre à mieux communiquer sur ses attentes avec ses salariés avant d’aller crier au travail “mal fait”. Mais tiens-bon boss, peut-être que dans quelques années ChatGPT m’aidera à lire dans tes pensées !

6. « Si tu me dis que je suis leader sur un projet, alors laisse-moi gérer ! »

Maxime, architecte

Quand mon N+1 a commencé à me responsabiliser en me disant que j’allais leader certains projets, j’étais évidemment très motivé. Mais l’enthousiasme est vite redescendu quand j’ai réalisé que c’est une personne qui a du mal à déléguer et à lâcher le bébé. Il remet en cause toutes mes idées, rejette toutes mes suggestions, m’empêche de mettre en place les actions que j’estime être nécessaires. Il n’accepte pas qu’on n’ait pas la même vision des choses ou qu’on ne puisse pas faire comme lui. Résultat : c’est lui qui prend toutes les décisions alors que je suis censé “leader” et je n’ai jamais l’occasion de prouver que j’ai peut-être raison puisqu’aucune de mes initiatives ne voit le jour. Je rêve de pouvoir le prendre entre quatre yeux pour lui dire : « Soit tu me responsabilises car tu m’en sens capable tout en m’aidant à m’améliorer, soit tu tranches sur tout. Mais perso, j’en ai marre de me creuser la tête inutilement ! »

7. « Quand tu prends des décisions difficiles, viens m’en parler directement ! »

Gaël, développeur

En ce moment, mon entreprise est dans une situation économique assez critique. Il y a beaucoup de départs et les équipes sont réorganisées tous les mois et l’ambiance générale est au plus bas. Le problème, c’est que dès qu’une décision importante me concernant est prise, mon N+1 (qui est également le DG de l’entreprise) ne vient jamais m’en parler frontalement. Il missionne d’autres personnes pour m’annoncer l’annulation de certains projets, les revirements stratégiques, et pire encore, les changements de management. Il a notamment décidé de promouvoir une de mes coéquipières pour devenir ma nouvelle boss et a préféré lui demander de m’informer de ce changement majeur plutôt que d’assumer son choix en face de moi. C’est très frustrant car je ne peux jamais lui faire part de mon mécontentement, ni lui poser de questions… En plus, ça nous monte les uns contre les autres alors que la personne à qui nous devrions en vouloir, c’est bien lui ! En ne voulant pas se confronter à moi - certainement par peur d’être jugé -, il passe vraiment pour un lâche.

8. « Je n’en peux plus de tout faire à ta place ! »

Aurélia, chargée de produit

Je suis chargée de produit, mais j’ai plutôt l’impression d’être Cendrillon dans mon travail tant ma boss est désimpliquée. C’est moi qui me charge de toutes les tâches qu’elle devrait faire, qui débriefe son boss, qui défend nos décisions toute seule après des autres équipes, qui gère son agenda pour éviter les doublons, qui lui prépare ses réunions avec des bullet points sur un document… Et pour couronner le tout, je dois tracer mon plan de carrière toute seule. Forcément, j’aimerais lui poser cette question qui me brûle les lèvres : « à quoi sers-tu ? »

9. « Tu peux aussi le dire quand c’est bien »

Alexandre, RH

C’est ce que j’aurais voulu dire à l’éternel insatisfait qu’était mon premier boss, atteint de perfectionnisme aigu (autant une qualité qu’un défaut) et donc extrêmement exigeant envers ses salariés. Du côté positif, le boulot final était nickel. Du côté négatif, la boule au ventre revenait à chaque fois que je devais lui présenter mon travail. Il faut dire qu’il était passé maître dans l’art de reprendre le moindre de mes rendus avec le tact d’un éléphant. Rien de personnel, puisque je l’observais parfois gronder son gamin qui lui présentait un dessin et lui intimer de refaire cette maison pas assez réaliste à son goût. Excuse-nous Gustave Courbet ! Avare de compliments évidemment, avec lui, ça ne sera jamais suffisant. Dommage car je suis persuadé que reconnaître le bon travail encourage à poursuivre, surtout lorsqu’on débute.

Article édité par Aurélie Cerffond. Photographie par Thomas Decamps

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