Quelle est la différence entre un leader et un manager ? (ceci n’est pas une blague)
05 déc. 2023
4min
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Freelance Content Writer & Content Strategist pour start-ups B2B
Souvent confondus, parfois opposés, les termes de « leader » et de « manager » ont des frontières floues. D’autant plus que leur interprétation a tendance à évoluer avec le temps… Alors un décryptage s’impose !
À l’heure où on nous sert le leadership à toutes les sauces, et où certains se retrouvent catapultés managers sans en avoir les compétences ni même parfois l’envie, il devient essentiel de distinguer les nuances entre les rôles de leader et de manager. Qu’est-ce qui les différencie ? Peut-on être leader sans être manager, et manager sans être leader ? Cécile Dejoux, docteure en sciences de gestion, professeure des universités au CNAM, conférencière et auteure de nombreux livres sur le management, nous a donné son éclairage.
Le manager, chef d’orchestre de la performance collective
Le terme de « manager » peut correspondre à des réalités très différentes. Il peut désigner un chef d’équipe, un responsable de business unit, ou encore un directeur de zone géographique. Mais tous les managers, quel que soit leur niveau hiérarchique ou leur nombre de personnes à charge, partagent un point commun : « Ils et elles sont chargés de fixer un cadre », explique Cécile Dejoux. « Les managers portent la responsabilité », poursuit-elle, « c’est-à-dire que même s’ils managent en mode collaboratif, ils prennent toujours la décision finale ». Plus concrètement, les managers ont généralement la responsabilité du budget, des évaluations et de la déclinaison de la stratégie. Ils doivent donc gérer les ressources et coordonner le travail des équipes pour remplir les objectifs fixés.
La nouveauté, selon Cécile Dejoux, c’est que les managers évoluent de plus en plus vers un rôle centré sur les personnes. C’est ce qu’on appelle le management par le « care » : « Face à l’augmentation croissante du stress économique, social, numérique ou encore écologique, le manager doit désormais avant tout assurer la sécurité psychologique de son équipe, et jouer un vrai rôle anti-stress », souligne-t-elle. L’explosion des cas de burn-out, la menace du quiet quitting, ou encore les impacts du remote sur la santé mentale, placent en effet le bien-être et l’engagement des salariés au cœur de la performance de l’entreprise. Ces aspects s’inscrivent donc aujourd’hui parmi les missions prioritaires des managers. C’est d’ailleurs ce qui explique l’essor fulgurant de la figure du « manager coach », qui met l’accent sur le développement personnel et professionnel de ses collaborateurs.
« Le leader, c’est celui qui fixe le cap, tandis que le manager, c’est celui qui fixe le chemin. » - Cécile Dejoux
Le leader, un guide visionnaire
« Le leader est celui qui a les idées et la vision. Il est donc davantage dans l’influence et la conviction que dans la réalisation », relève Cécile Dejoux. Le rôle du leader est avant tout de rassembler et de mobiliser, pour faire en sorte que toutes les parties prenantes avancent dans la même direction. Finalement, « le leader, c’est celui qui fixe le cap, tandis que le manager, c’est celui qui fixe le chemin », résume notre experte.
Contrairement au manager, la casquette de leader ne correspond pas à une fonction « officielle » formalisée par une fiche de poste : on ne peut pas être nommé leader comme on peut être nommé manager. « Le rôle de leader est bijectif », explique en effet Cécile Dejoux. « Il repose sur une relation réciproque, qui implique une certaine perception de la part des autres. » Et cette perception, elle se caractérise par une grande confiance. Oui, un leader est quelqu’un qui inspire, mais aussi qui rassure, au point de donner envie aux autres de le suivre volontairement.
Mais alors, sur quoi repose cette capacité à inspirer confiance dont bénéficient les leaders, et tout le monde peut-il la développer ? Certaines prédispositions au leadership, comme le charisme ou la capacité à communiquer, sont souvent évoquées. Mais en réalité, d’après une étude publiée par l’organisation Catalyst, la clé serait tout simplement l’empathie. Selon Cécile Dejoux, il existe d’ailleurs différents styles de leaders. Si certains sont de grands orateurs, d’autres fondent davantage leur leadership sur leur exemplarité, leur expérience ou encore leur expertise. Un développeur peu communicant mais dont les compétences pointues lui confèrent une grande légitimité auprès de ses collaborateurs, peut par exemple tout à fait être considéré comme un leader, si tant est que ses idées ont de l’influence dans l’organisation.
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Leader et manager : des rôles qui se superposent ?
Les termes de « leader » et « manager » sont souvent utilisés comme des synonymes, dans la mesure où ils représentent tous les deux une forme d’autorité (formelle ou informelle) au sein d’une équipe ou d’une organisation. Et en effet, certains managers sont aussi des leaders, et vice-versa. C’est par exemple le cas de nombreux profils de « numéros 2 » d’entreprises, qui sont non seulement capables d’imaginer le futur de l’organisation, mais aussi de mettre en œuvre la stratégie pour y parvenir. Mais en réalité, un leader n’est pas forcément un manager. Comme l’explique Cécile Dejoux, un leader peut en effet être un chef de projet, ou même un simple contributeur dans une communauté. Les leaders peuvent donc être présents à tous les niveaux de l’organigramme.
De même, les managers ne sont pas nécessairement des leaders. D’ailleurs, « de plus en plus de managers n’aspirent pas à être des leaders », remarque Cécile Dejoux. Cela peut paraître contre-intuitif, car pendant longtemps, le statut de leader était vu comme une sorte de progression naturelle, voire même comme un accomplissement du rôle de manager : pour être un bon manager, il fallait être un leader. Mais selon notre experte, cette notion a aujourd’hui perdu de son prestige au sein des organisations.
Du « leader » au « manager qui fait preuve de leadership »
Pour Cécile Dejoux, au terme de « leader », on préfère désormais la notion de « leadership ». Quelle différence ? Eh bien, « plutôt que de mettre l’accent sur une personnalité qui incarne une voix unique, le “leadership” renvoie à des comportements et des visions pluriels », explique-t-elle.
La nuance peut paraître fine, mais elle a en réalité son importance : pour l’appréhender, il faut bien comprendre que dans le « new normal », les organisations évoluent au sein d’un contexte de changement permanent, parfois désigné par l’acronyme VUCA (Volatilité, Incertitude, Complexité et Ambiguïté). Et dans cet environnement instable, « les entreprises doivent se concentrer sur leur présent bien plus que sur leur futur », constate notre experte. Résultat : elles ont aujourd’hui moins besoin de leaders visionnaires qui embarquent leurs collaborateurs dans une direction unique, que de managers pragmatiques, capables de faire changer leurs équipes de direction au gré des événements.
Pour Cécile Dejoux, la figure du leader traditionnel laisse désormais place à celle d’un manager au « leadership multimodal ». Les managers doivent évidemment rester tournés vers le futur, en intégrant par exemple des technologies comme l’intelligence artificielle, mais ils doivent aussi et surtout rester pleinement ancrés dans le présent, et orchestrer leurs équipes avec agilité. En tout cas, une chose est sûre : les notions de leader et manager n’ont pas fini d’évoluer !
Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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