Comment travailler avec quelqu'un qu'on déteste ?
20 nov. 2018
6min
On est tous le con de quelqu’un. Mais comment faire quand votre con à vous est un collègue de travail ? Qu’il vous horripile en secret ou que vous soyez en guerre ouverte, comment travailler avec une personne qu’on déteste ? Amélie Bridot, experte en Psychologie Positive, intelligence émotionnelle et Coach Certifiée, nous livre quelques conseils pour garder votre sang-froid et votre (sou)rire jaune.
Top 4 des personnes détestables en entreprise
Il vous coupe la parole sans cesse, radote sur sa passion pour les constructions en allumettes, rapporte la moindre de vos erreurs à votre responsable… Vous êtes face à un François Pignon en puissance. Et vous n’êtes pas le seul. La société Viking a réalisé un sondage auprès de ses clients pour découvrir les trois profils de collègues détestables qui font l’unanimité auprès des Français.
1. Le faux-gentil
Pour 21% des collaborateurs, la médaille d’or revient à ce collègue aux tendances manipulatrices qui vous fait de grands sourires tout en réfléchissant à la meilleure façon de vous poignarder dans le dos. Il irrite, en cachant une partie de son caractère derrière un masque. Il divise pour mieux régner et affermir son pouvoir personnel.
Comment le contrer ?
« Il faut être prudent avec le faux-gentil, en assurant ses arrières. » assure Amélie Bridot. Face à ce manipulateur, ne perdez pas votre temps et votre énergie à essayer de le changer. Le plus simple est d’éviter au maximum les contacts, de garder des traces de vos échanges et de rester factuel. Montrez-lui que vous n’êtes pas dupe, sans aller dans une confrontation ouverte dans laquelle il ressortirait probablement vainqueur.
2. Le faux-travailleur
Une pile de dossiers scotchée sous le bras pour faire croire qu’il part en réunion quand il va fumer sa 12ème cigarette de la journée : voici le faux-travailleur qui remporte 20% des suffrages. Plus communément appelé “la feignasse”, il met ses collègues en difficulté par son manque de sérieux et ses mensonges. Qu’il délègue à outrance ou fasse simplement semblant de traiter ses sujets, il fait perdre un temps précieux à tous.
Comment le contrer ?
Pour parer ses sournoiseries, essayez d’être le plus précis possible dans l’attribution des tâches et de faire des points d’avancement réguliers sur vos projets. Difficile pour lui de se défiler quand tout le monde sait précisément ce qu’il était censé faire. Vous pouvez aussi le mettre au pied du mur, comme le conseille Amélie Bridot : « Avec ce type de personne, il faut aller dans le factuel en faisant des points régulièrement, pour voir ce qui a été fait ou pas. Le faux-travailleur ne peut pas faire semblant trop longtemps, il faut donc faire en sorte que ça se voit. »
En dernier recours, exposez vos observations à votre responsable afin qu’il prenne les mesures nécessaires, ou à défaut qu’il ne vous tienne pas rigueur des retards dans vos projets communs.
3. Le lèche-botte
Avec ses dents qui rayent le parquet jusqu’à creuser des tranchées, le lèche-botte est souvent agaçant, parfois dangereux. Dans sa variante arriviste, c’est le collaborateur qui est prêt à vous mettre des bâtons dans les roues pour progresser dans l’entreprise. Du grenouillage au sabotage, il est prêt à tout pour réussir. Son potentiel de nuisance et sa malveillance peuvent rapidement déséquilibrer un groupe.
Comment le contrer ?
Mettez en place une résistance collective. Abordez subtilement le sujet avec vos collègues les plus proches. À plusieurs, et conscients des malveillances de votre collègue, recensez les faits et serrez vous les coudes. Un arriviste est rarement idiot, il sentira rapidement que vous faites front face à lui et n’aura d’autre choix que de partir ou de changer.
Mais surtout, ne vous laissez pas écraser ! « Pour éviter que le lèche-botte s’accapare ce que l’on fait, il ne faut pas hésiter à mettre en avant ses propres réalisations. » selon Amélie Bridot. Dans le livre « Les Règles du jeu » de Clara Moley, cette ancienne tradeuse évoque ses difficultés à progresser professionnellement face à ses collègues masculins, malgré ses excellentes performances au travail. La raison à cela ? Sa trop grande humilité, qui rend ses résultats invisibles aux yeux de ses supérieurs, contrairement aux “grandes gueules” de l’entreprise qui obtiennent des promotions à sa place. L’auteure estime que « la réussite est notre affaire » et qu’il ne tient qu’à nous de faire valoir notre travail. Sans pour autant devenir un lèche-botte, il est donc tout à fait légitime de mettre en avant ses réussites auprès de son manager.
4. La grande gueule
En réunion, on est sûr de ne pas la rater. La grande gueule est constamment là pour nous rappeler qu’elle existe. Jamais à court de commentaires, elle donne son avis sur tout…et sur rien. Pour se faire entendre, elle n’hésite pas à hausser le ton et ajouter quelques décibels dans sa voix.
La grande gueule ne supporte pas d’être laissée de côté, et elle n’hésite pas à s’immiscer dans n’importe quelle conversation avec - il faut bien l’avouer - un certain talent en la matière. Sa kryptonite, c’est le silence et le travail en solitaire ; elle se retrouve alors dans l’impossibilité d’exposer son point de vue (à grands renforts de gestes dramatiques et de contacts tactiles sur le bras de son interlocuteur).
Comment le contrer ?
Pas facile d’ignorer une personne qui prend toute la place. Le mieux reste de pas réagir à ses coups de gueule, ne serait-ce qu’avec un léger signe approbatif de la tête (il les repère de loin). Ne vous effacez pas pour autant, car vous deviendrez alors invisible au bureau. Si vous n’êtes pas d’accord avec les propos d’une grande gueule, n’hésitez pas à lui en faire part, avec tact et diplomatie (dans la mesure du possible). C’est parfois le meilleur moyen de le faire taire.
Les impacts sur notre travail
Travailler avec une personne que l’on déteste n’est pas une fatalité. Cependant, c’est une situation irritante qui peut avoir des conséquences non-négligeables sur notre travail. Un collègue qui parle trop fort ou qui mastique son chewing-gum bruyamment aura un impact faible, mais face à une personne réellement malveillante, les risques en termes de motivation et de productivité sont importants. Ils peuvent également générer une mauvaise ambiance dans un service, voire une entreprise entière. Ils génèrent un stress qui empêche les collaborateurs de donner le meilleur d’eux-mêmes et font courir un risque pour l’entreprise : double charge de travail, peur de proposer de nouvelles solutions, de remonter un problème majeur, de se faire humilier publiquement, etc.
Un comportement qui n’est pas sans conséquence, comme l’explique Hervé Laroche, professeur de management et stratégie à l’ESCP-EAP et préfacier de l’édition française d’Objectif Zéro-sale-con : « Ils engendrent des coûts cachés, sous forme de démotivation, retrait, voire absentéisme ou maladie pour les employés. Mais également des effets collectifs : manque de coopération entre les individus, manque de créativité, etc. Et encore : temps perdu à réparer leurs dégâts et éventuellement leurs erreurs. »
Alors, comment relativiser ?
Comprendre
« Les antipathies au travail sont presque toujours le signe d’une différence de fonctionnement », analyse Jean-Pierre Testa, coach et formateur chez Cegos. Et ce sont souvent ces personnes qui fonctionnent différemment qui vous challengent et vous obligent à ouvrir votre façon de penser.
« Identifiez ce qui vous énerve chez cette personne, et les côtés de sa personnalité que vous aimeriez posséder. » affirme Amélie Bridot. « Qu’est-ce que vous enviez chez cette personne ? Par exemple, la façon dont les grandes gueules s’expriment sans retenue peut nous énerver, mais on peut aussi admirer leur courage et leur capacité à dire ce qu’elles pensent. Allez chercher le bon côté chez ces personnes ! »
En rire
« Essayez de vous détacher des émotions négatives ou désagréables » suggère Amélie Bridot. Et si vous tourniez tous les défauts insupportables de votre collègue en source de blagues pour votre entourage ? Gardez en tête les détails des situations qui vous énervent et racontez-les avec humour et une pointe d’exagération. À défaut de changer les choses, vous trouverez une façon plus agréable de les vivre.
Garder son self-control
Ignorez les provocations et ne rentrez pas dans les jeux inconscients de votre collègue en restant cordial en toutes circonstances. D’après Amélie Bridot, « la plupart des démissions sont liées à une mauvaise ambiance au travail. Certaines personnes quittent un job qu’elles adorent à cause d’une ambiance catastrophique. Il est très difficile psychologiquement de rester travailler dans un environnement malsain. »
Se projeter dans le positif
« En faisant exister une réalité positive dans notre tête et dans notre coeur, nous lui donnons une existence dans notre vie » assure Lise Bartoli, psychologue. Visualisez la version la plus positive des situations irritantes qui vous perturbent afin de mieux les gérer quand elles se produisent.
Accepter
On ne peut pas apprécier tout le monde. Et les personnes qui réussissent sont souvent celles qui parviennent à composer avec les collaborateurs qu’elles apprécient le moins.
Demandez de l’aide
Dans les situations les plus extrêmes, il est peut-être nécessaire de trouver les bonnes personnes et prendre les choses en main pour résoudre le conflit.
Dans tous les cas, souvenez-vous que personne n’est parfait, et que certains de vos collègues doivent apprendre à vous tolérer eux aussi. Vous êtes le seul à pouvoir décider de passer votre semaine à ruminer sur les défauts de vos collègues… ou choisir de les accepter et les relativiser.
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