Comment (bien) parler de ses échecs en entretien ?
18 févr. 2021
5min
L’entretien d’embauche, c’est LE moment où il faut se montrer sous son meilleur jour. Détailler ses qualités, raconter ses réussites, transmettre sa motivation… Mais pour mieux nous connaître et évaluer notre compatibilité avec l’entreprise, les recruteurs s’intéressent aussi à… nos échecs. Or, quoi de plus difficile que de se vendre tout en racontant une expérience - a priori - négative ? Faut-il être honnête et dire toute la vérité rien que la vérité ? Raconter un “faux” échec qui nous met en réalité en valeur ? Quelle réponse attendent les recruteurs lorsqu’ils nous sondent sur cet épineux sujet ? On fait le point.
Pourquoi nos échecs intéressent-ils les recruteurs ?
« Quel est votre plus grand échec ? » Vous aviez préparé votre liste de qualités et de défauts, repassé tout votre parcours professionnel dans votre tête une dizaine de fois, mais cette question-là, vous ne l’aviez pas vue venir ! Mais pourquoi le recruteur vous cuisine-t-il à ce sujet ? On vous rassure, l’idée n’est pas de remuer le couteau dans la plaie, mais bien de mieux vous connaître. Il cherche à évaluer votre humilité, votre capacité à vous remettre en cause, votre comportement face aux obstacles : des éléments essentiels pour pouvoir anticiper votre comportement au travail. D’ailleurs, même si votre interlocuteur ne vous pose pas frontalement la question, vous pouvez évoquer vous-même ces échecs. Si vous expliquez bien votre histoire et ce que vous en avez appris, cela peut donner l’image d’un candidat bien dans ses baskets, qui a fait la paix avec ses échecs et qui n’a rien à cacher ! Évitez tout de même d’aborder le sujet en début ou en fin d’entretien pour ne pas laisser un souvenir négatif en tête, mais vous pouvez par exemple l’évoquer spontanément en racontant votre parcours, ou après avoir listé vos qualités et vos défauts…
Comment choisir la “bonne” histoire ?
Tout le monde fait des erreurs. Mais le plus difficile, c’est de créer une histoire autour de l’échec qui met en évidence vos ressources ou vos soft skills. Car le but n’est évidemment pas de rester sur un revers mais bien de montrer que vous vous en êtes sorti.
- Choisissez un échec réel et ne soyez pas prétentieux. Les exemples tels que : « En tant que sales je n’ai augmenté les ventes que de 30% mais comme je visais plus haut, j’ai eu l’impression d’échouer. C’est mon côté perfectionniste », sont à éviter.
- Ce n’est pas non plus le moment de confesser vos pires secrets. Ne choisissez pas un échec qui est le résultat d’une grave erreur personnelle (comme envoyer un mail rempli d’informations confidentielles sur votre boîte à tous vos contacts).
- Concentrez-vous sur la “morale”. Il vous faut choisir une histoire qui dit quelque chose de vous. Une leçon que vous avez apprise. Dans l’idéal vous devez montrer que cet échec vous a permis d’acquérir plus d’expérience et de nouvelles compétences : un objectif non atteint, une erreur d’orientation, un projet avorté, une période d’essai non renouvelée, un manque de fermeté envers son équipe, etc. ?
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Comment raconter son histoire ?
Pour bien se préparer, le plus simple est de s’appuyer sur une méthode très populaire dans les entretiens : la méthode STAR. Elle vous permettra de décrire en quelques phrases chacun des aspects clés de votre histoire et de répondre correctement à ce qu’attendent les recruteurs.
S pour Situation
Il s’agit ici de planter le décor, c’est-à-dire de donner l’aperçu du projet ou de la situation. Soyez concis et donnez seulement assez d’informations contextuelles. Ne vous attardez pas car l’accent doit être mis sur les phases suivantes dans lesquelles vous expliquer comment vous avez rebondi. Vous pouvez expliquer à quelle période l’histoire se déroule, où vous travailliez à ce moment-là, etc.
T pour Tâche
Ensuite, vient le moment d’expliquer votre rôle : quelle était votre situation, votre poste, vos objectifs ? Il est temps de vous situer dans l’histoire. Pour l’instant, cela pourrait donner quelque chose comme ça : « Je dirais que mon plus grand échec professionnel a été la perte d’un contrat important avec un client lorsque j’étais responsable de projet chez … »
A pour Action
Maintenant, il faut rentrer dans le vif du sujet et expliquer l’action qui a entraîné l’échec : « Le plus gros problème, c’est que nous tenions ce projet pour acquis. Nous avions une relation privilégiée avec le client avec qui nous avions déjà collaboré. Avec le recul nous n’avons pas fait d’effort supplémentaire pour les impressionner. Cela a permis à un concurrent plus impliqué de remporter le projet. J’étais en charge de la réponse à cet appel d’offre je n’ai pas su proposer une réponse innovante. »
Ainsi, vous présenterez une analyse perspicace et concise de ce qu’il s’est passé. Il y a suffisamment de détails pour montrer que vous avez déjà passé à la loupe les causes de l’échec et pensé à votre responsabilité dans cette histoire.
R pour Résultats
Comme dans toutes les belles histoires, la fin de la vôtre est une fin heureuse. On évite malgré tout une fin à la Disney type « J’ai réussi à faire changer d’avis le client et il a signé avec nous. » Vous devez décrire l’issue positive de votre échec à force de remise en question et d’apprentissage, pas grâce à l’intervention d’une bonne fée.
« La perte de ce client a été un coup dur pour mon entreprise. D’un point de vue financier mais aussi pour le moral de l’équipe. J’ai pris l’initiative d’analyser ce qui s’était passé et ce que nous pouvions faire mieux. Le premier enseignement a été de ne jamais rien prendre pour acquis et de toujours chercher à faire mieux que ce qui est demandé. J’ai instauré des nouveaux process pour innover et j’ai emmené mon équipe à une journée de formation animée par un coach spécialisé. Peu après nous avons remporté un nouveau contrat et ce grâce à l’ensemble du travail que nous avions fait suite au dernier échec. »
Vous montrez ce qu’il s’est passé et les conséquences pour vous, votre équipe et l’entreprise. Cela montre que vous avez le recul et la maturité nécessaire pour réussir si une situation comme celle-ci se représente.
Ne rejetez jamais la faute sur les autres
Si vous n’avez pas réussi à atteindre vos objectifs dans votre ancienne entreprise, c’est à cause de votre boss qui ne prenait jamais le temps de faire des points avec vous pour vous guider ? Le recruteur n’a pas besoin de le savoir ! Rejeter la faute sur vos collègues, votre boss ou votre maman ne vous aidera pas à susciter l’intérêt du recruteur, au contraire, cela pourrait même le refroidir ! Vous passerez pour un collaborateur qui n’accepte pas ses responsabilités et qui ne se remet jamais en question. Pas top pour démontrer son esprit d’équipe !
Préparez la suite
Vous avez raconté votre échec et la leçon que vous en avez tirée ? Super ! Maintenant, inutile de s’éterniser. Même si parler de ses échecs est de plus en plus encouragé, mieux vaut rebondir sur des sujets plus positifs ! Sinon, vous pouvez carrément retourner la situation et sonder le recruteur quant à sa philosophie vis-à-vis de l’échec : comment est-ce accepté dans cette entreprise ? La prise de risque est-elle encouragée ? Eh oui, il n’y a pas de raison que vous soyez le seul à devoir vous montrer vulnérable !
Même si raconter ses échecs peut être délicat, n’oubliez pas qu’il s’agit aussi d’une belle occasion pour créer du lien avec le recruteur. Contrairement à ce que vous pouvez penser, vous ne passerez pas pour un candidat “faible” ou “incompétent”, mais pour quelqu’un d’humain, qui a ses failles et qui se trompe parfois. Un candidat trop parfait : c’est louche !
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