Vous vous comparez à vos collègues ? 8 conseils pour rester objectif
09 mars 2021
6min
Perte de confiance, jalousie, panique, déprime, peur de se faire doubler… Lorsque l’on se compare aux autres, les retombées sont rarement positives. La comparaison est d’ailleurs souvent considérée comme un “poison”, mais au travail comme ailleurs, nous le faisons de manière consciente et inconsciente. Or, cela peut vraiment nuire à notre confiance en nous et nous freiner dans nos objectifs de carrière. Cette période de télétravail où l’on côtoie moins nos collègues peut être le bon moment pour aborder ce phénomène avec plus de hauteur.
Alors pourquoi se compare-t-on aussi souvent aux autres ? Est-ce forcément mauvais pour le moral ? Nos conseils pour comprendre ce phénomène psychologique naturel et mieux le gérer au travail.
Pourquoi se compare-t-on aussi souvent aux autres ?
Nous avons besoin de nous comparer en permanence, c’est dans la nature humaine. Mais pourquoi est-ce un besoin ? Simplement parce que « c’est notre façon de comprendre et d’appréhender le monde », nous explique Cécile Pichon, RH et psychologue du travail. « Analyser son environnement, c’est créer un référentiel et comparer tout ce qui est nouveau avec ce qui a déjà été observé. » Se comparer, c’est situer les choses et cela nous permet de structurer notre pensée. Lutter contre reviendrait donc presque à essayer d’arrêter de penser.
Il faut toutefois nuancer. Si cela a du bon et peut être une source de motivation et de dépassement de soi, il faut faire attention à ne pas entrer dans une compétition de tous les instants. Car se comparer aux autres, c’est prendre le risque de s’enfermer dans « un schéma rigide ou négatif ». Si nous manquons de nuances, cela peut mener à des conclusions négatives pour l’estime personnelle. Et la solution n’est pas de s’isoler des autres.
Se comparer aux autres, c’est bénéfique, mais à certaines conditions. Il suffit d’y ajouter un minimum d’objectivité. Et c’est toute la difficulté !
Quelques conseils pour se comparer de manière objective
Se comparer de manière objective, c’est redorer son estime, s’auto-gratifier, construire une perspective qu’on voudrait retrouver dans le regard des autres… Mais ce n’est pas chose facile. Ces conseils, validés par Cécile Pichon et Caroline Montel, fondatrice chez 1heure1coach, sont là pour vous aider à vaincre le côté néfaste d’une comparaison.
1. Repérez vos “instants comparaison” et situez-les sur l’échelle de Festinger
C’est la base sans laquelle vous ne pourrez pas agir. Tout est dans la prise de conscience et de recul. Leon Festinger, psychosociologue américain, a établi la théorie de la comparaison sociale dans les années 50. Pour lui, il existe 3 types de comparaison et chacune ne produit pas les mêmes effets. Il faut donc bien les situer avant d’agir en fonction.
- La comparaison descendante : Ici, nous nous comparons à ceux que l’on considère dans une situation “pire” ou “inférieure” à la nôtre. Si cette forme de comparaison peut permettre de relativiser sur sa propre situation et re-booster son ego, sachez qu’elle reste une démarche stérile qui peut malgré tout s’avérer malsaine. Se placer en haut de cette échelle de comparaison, c’est accepter l’idée que l’on a plus besoin de progresser. Attention à ne pas développer un sentiment de supériorité sur ses collègues non plus.
- La comparaison latérale : Dans ce cas de figure, on dispose des mêmes critères (même niveau hiérarchique, niveau d’étude, même âge…) que la personne en face de nous. Se comparer ainsi peut vous donner le sentiment, fondé ou non, d’être inférieur. Mais peut aussi vous challenger et vous donner l’envie d’être toujours à la hauteur ! En quelque sorte on se reconnaît en ce collègue très similaire et on le regarde comme dans un miroir, en jouant au jeu des 7 différences. Est-ce qu’au même âge ce collègue gère mieux sa carrière que moi ? A-t-il des compétences que je n’ai pas encore ? Dites-vous cependant, que ce dernier fait sans doute la même chose que vous.
- La comparaison ascendante : C’est celle que l’on connaît tous, qui mine le moral et s’avère dangereuse à long terme. Il s’agit d’une comparaison avec quelqu’un que l’on considère vraiment “au-dessus” de soi. « Elle peut mener à une dépréciation de soi ou une survalorisation de l’autre » affirme Cécile Pichon. Mais elle peut aussi être un véritable moteur de motivation à long terme. Pour cela, cherchez vos points communs avec cette personne, rapprochez-vous d’elle au lieu de vous décourager et de créer un clivage. Prenez le temps de comprendre ses racines, son passé, ce qu’elle a accompli. Acceptez vos différences et voyez ce qu’il vous reste à travailler. Les écarts de niveau ne sont pas nécessairement négatifs. Avoir un collègue plus expérimenté dans votre équipe, c’est aussi un gage de progression pour vous.
2. Prenez du recul et fixez-vous des objectifs atteignables
La confiance en soi s’acquiert et s’entretient. Alors pour commencer, inutile de se comparer aux mastodontes de votre équipe et de vous dire “je n’y arriverai jamais”. Avoir une ligne d’horizon, un objectif ou une vision sur le long terme peut être à votre avantage. Cela permet de prendre des directions larges, de s’orienter vers un point fixe. Par la suite, décomposez ce parcours idéal en de multiples objectifs à atteindre sur un court terme. Gardez à l’esprit que les petites victoires sont valorisantes. Faites-en la collection !
3. Un défaut = une qualité
Pour Cécile Pichon, « Il est bon de garder en tête que nous avons tous les qualités de nos défauts, et inversement ». Oui, personne n’est parfait, c’est pourquoi il est important de relativiser. Oui, votre collègue Jean-Claude a toujours de très bonnes réflexions en réunion… Mais qu’est-ce qu’il est lent ! C’est le principe de quadrant d’Ofman : chaque personne a des qualités quasi innées… mais qui peuvent aussi s’accompagner d’un vilain défaut. Par exemple, la persévérance peut muter en obstination. Alors lorsque vous vous comparez, rappelez-vous que chaque qualité vient avec sa faille !
4. Demandez des feedbacks
On a tendance à se comparer aux autres pour évaluer notre niveau. Alors pour éviter d’en passer par là, quoi de mieux que demander des feedbacks ? Ils aident à fluidifier la communication, à évoluer dans un environnement bienveillant et à détecter vos points forts et vos points faibles. Vous aurez sans doute droit à des remarques positives sur votre travail, mais gardez en tête que la critique aussi est constructive et il se peut que votre N+1 vous fasse également part de vos axes d’amélioration. Un recul essentiel sur sa position, qui ne peut être que bénéfique. Il ne faut donc pas hésiter à solliciter ses supérieurs et ses collègues pour en réclamer.
5. Valorisez vos différences
Vous vous connaissez tellement bien que vous oubliez que vous aussi, vous avez des petites singularités que les autres vous envient. Alors oui, vous n’êtes peut-être pas encore au niveau de votre “role model”, mais vous avez des traits de personnalité et des habitudes qui vous sont propres. Il ne faut pas s’inquiéter de vos différences, bien au contraire, il faut les valoriser. Ce sont elles qui vous pousseront à la réflexion et vous permettront d’avancer. Voyez votre parcours comme une succession d’expériences singulières qui vous rendent unique.
6. Osez demander des conseils
« Être envieux de l’autre, c’est mettre son énergie au mauvais endroit. » Si quelque chose vous plaît chez un collègue, observez bien sa manière de faire, ou mieux, demandez-lui des conseils et mettez tout en œuvre pour progresser. On ne parvient pas à ses fins en faisant cavalier seul. Facilitez-vous la tâche et osez demander à ce collègue qui vous énerve par sa facilité, ses petits secrets de fabrication.
7. Rendez-vous compte de vos succès …
« Listez les choses que vous faites bien et soyez-en fier. » On effectue parfois ce qui nous semble évident, sans réaliser qu’il s’agit d’un succès à part entière. Rappelez-vous de ce que vous avez accompli et surtout du chemin parcouru.
8. … Et célébrez-les !
Sans tomber dans l’arrogance ou la condescendance, célébrer une réussite, c’est bon pour le moral. Il ne s’agit ni d’arriver en fanfare au bureau en roulant des mécaniques, ni de vous applaudir tout seul au milieu de la nuit. Prenez simplement le temps de vous féliciter, en vous accordant un temps de pause, ou en ces temps de télétravail, une balade en plein air. Offrez-vous un cadeau, un totem qui vous rappellera votre petite gloire. De toute évidence l’imagination n’a pas de limite lorsqu’il s’agit de se récompenser. Soyez créatif !
De toutes les zones d’ombres, il faut d’abord discerner celle qui vient de vous. Se comparer dans une réalité sociale à des collègues ou à des personnes que l’on admire est effectivement un jeu malsain, voire dangereux, mais c’est aussi un phénomène naturel nécessaire. Cela nous permet d’évaluer ce qui se passe autour de nous, de nous situer vis-à-vis des autres. Si vous réussissez à dompter vos moments de comparaison, ils peuvent aussi devenir une véritable source de motivation. Il s’agit d’un combat contre vous-même, ne vous laissez donc pas aller… Car ce sera toujours à vous de jouer.
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