Comment gérer ces moments informels où l'on baisse la garde en entretien ?
29 juin 2021
4min
L’entretien d’embauche, ce n’est pas uniquement ce moment où, séparé par un bureau ou un écran d’ordinateur, on échange avec un recruteur de vive voix. En présentiel, il commence dès l’instant où vous mettez un pied dans un rayon de 50 mètres autour de l’entreprise. Et se termine lorsque vous sortez de ce périmètre. Entre les deux, une vigilance constante est de mise ! Jeanne, chasseuse de têtes pour un groupe de conseil nous donne le ton : « L’informel n’existe pas en entretien, il ne faut jamais baisser la garde. » En effet, tous les instants “décontractés” qui ponctuent un rdv donnent des indices importants sur votre personnalité. D’où la nécéssité de bien identifier ces instants hors cadre pour les aborder plus sereinement et surtout sans fausse note.
Ces petits instants qui peuvent vous trahir
Les moments informels demandent un juste équilibre entre une attitude professionnelle et un comportement avenant. Et ils ne sont pas le fruit du hasard : « Le travail d’un recruteur est justement de favoriser ces moments pour mieux vous tester », ajoute Jeanne. Ils permettent de dépasser le discours travaillé et construit que vous avez préparé pour l’entretien. C’est le moment de marquer des points (ou au mois de ne pas en perdre).
Les premières minutes
Lorsque le recruteur vous rencontre pour la première fois, il est indispensable de faire une bonne première impression. Une étude de l’Université de Princetown a démontré qu’un dixième de seconde suffit pour se faire une idée sur une personne… et qu’il est ensuite très difficile de laisser une meilleure deuxième impression. Cette étude a également constaté que la “fiabilité” est le deuxième critère observé par nos cerveaux.
Autour d’un café
Il arrive qu’après un entretien d’embauche, le recruteur vous propose de poursuivre l’échange autour d’un café. Une occasion de plus de vous passer aux rayons X ! Évitez alors de trop vous détendre ou pire, de vous contredire : « Je recrutais sur un poste pour lequel il était indispensable d’être motorisé afin d’assurer de nombreux déplacements quotidiens, se souvient Jeanne. J’ai reçu une candidate très motivée avec un profil idéal ! Au cours d’un deuxième entretien, je lui ai proposé un café, nous avons discuté une bonne dizaine de minutes avant qu’elle me raconte ses difficultés à venir au rendez-vous le matin même car son RER était en panne… J’ai fini par comprendre qu’elle n’avait pas encore son permis ».
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L’estocade finale
L’entretien d’embauche est terminé et votre recruteur vous raccompagne vers la sortie ? Ce n’est pas pour autant le moment de vous relâcher. Trop nombreux sont les candidats à se prendre les pieds dans le tapis dans les derniers mètres (au sens figuré). C’est l’instant qui génère le plus de gaffes et de moments gênants. « Alors qu’il récupérait son badge à l’accueil, un candidat me demande le nombre de salariés travaillant dans le bâtiment. Je lui ai répondu que nous étions 6 000. Il a eu un regard étonné et s’est exclamé “Oh, mais vous êtes grosse !” J’ai rigolé, mais lui ne savait plus où se mettre » ajoute Jeanne.
L’épreuve de l’ascenseur
L’ascenseur, l’épicentre de la gêne en entreprise, où 30 secondes d’ascension paraissent une éternité. D’autant plus si d’autres personnes sont présentes et silencieuses. Si votre interlocuteur ne parle pas, faites preuve de discrétion pour éviter les impairs. Qui sait si les personnes qui vous entourent sont au courant, ou non, que le poste que vous convoitez est ouvert ?
Bonus : dans un périmètre de 50 mètres autour de l’entreprise
L’entretien est terminé, vous sortez de l’entreprise et commencez à vous décrisper. Et pourtant, prenez garde à ne pas débriefer votre meilleur ami au téléphone en racontant haut et fort à quel point les chaussettes de votre recruteur étaient hideuses… L’un de ses collaborateurs est peut-être dans le coin. Restez alerte, les murs ont des oreilles.
Top 5 des erreurs à éviter
Alors, dans tous ces petits moments informels qui entourent l’entretien et font partie intégrante du process de recrutement, que doit-on éviter de faire ou de dire pour rester dans la course ou mieux, pour faire la différence ?
Aborder des sujets de fonds
« Euh, que pensez-vous de la politique des États-Unis sur le nucléaire iranien ? », c’est non ! N’essayez pas de frimer avec vos connaissances en géopolitique, ces moments informels sont malgré tout faits pour le “small talk”. Profitez-en plutôt pour évoquer des sujets légers, si possible liés à l’entreprise : l’architecture du bâtiment, le nombre de collaborateurs, le cadre de travail, etc. Vous pourrez ainsi montrer que vous êtes quelqu’un de curieux à moindre frais.
Être négatif
Vous avez eu des difficultés à trouver le parking, votre métro était en panne ou votre chat a mis des poils sur votre costume avant de partir ? Intéressant, mais gardez-le pour vous. Même si vous avez fait face à des difficultés dans la journée, gardez une tonalité positive dans cette conversation. Vous montrerez que vous êtes une personne active, qui ne subit pas les aléas de la vie mais sait s’adapter en bon philosophe et tirer parti de toutes les situations. Vous n’êtes pas statique et savez surmonter les obstacles, votre recruteur appréciera ce trait de caractère.
Parler uniquement de vous
Certes, c’est le sujet que vous maîtrisez le mieux. Mais à moins que votre interlocuteur vous pose spécifiquement une question, évitez de centrer la discussion sur vous et rien que vous. Encore une fois, profitez de ces moments pour montrer votre intérêt pour l’entreprise : la curiosité est un bon facteur de différenciation.
Avoir un non-verbal déplaisant
Souvenez-vous que 93% des messages que vous dégagez ne sortent pas de votre bouche, mais de votre gestuelle et de votre attitude. Alors, essayez de contrôler cette jambe qui secoue d’impatience sous le bureau, évitez la poignée de main tremblante ou le regard fuyant. Avec le stress, tous ces signes peuvent rapidement polluer vos échanges et envoyer des signaux négatifs à votre interlocuteur.
Vouloir paraître trop confiant
Vous souhaitez montrer votre assurance pour vous différencier de tous ces candidats stressés… gare à ne pas surjouer. Si le recruteur vous interroge sur vos autres pistes, n’en faites pas trop. Pour la majorité des postes, on vous pardonnera davantage un peu trop de politesse et de pudeur qu’un excès de confiance non-naturel.
Que disent ces moments de vous ?
Si les questions que l’on peut poser à un recruteur semblent inoffensives, elles en disent en fait beaucoup de vous. Une personne avisée en déduira vos motivations profondes. Vous l’interrogez sur la taille de votre futur bureau ? Vous avez vraisemblablement besoin de reconnaissance ou d’intimité. Vous cherchez à connaître le nombre exact de RTT ? Votre vie privée est importante pour vous. S’il n’y a pas de jugement infaillible, vous donnez malgré tout des clés sur votre personnalité, vos besoins et vos envies.
Tous ces moments “informels” sont l’occasion de dévoiler une autre facette de votre personnalité. Montrez-vous curieux pour faire sentir au recruteur que vous vous projetez déjà dans le poste. Pour paraître détendu sans vous laisser aller, imaginez que vous échangez avec un vieux professeur, un ami de vos parents ou tout autre personne avec qui vous vous sentez dans un subtil mélange de respect, de sympathie et de confort. Bref, montrez que vous serez non seulement un bon professionnel, mais aussi un collègue avec qui il est agréable de travailler.
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