Le secret pour être un bon manager ? Être authentique avec ses équipes
15 sept. 2020 - mis à jour le 15 janv. 2024
6min
Danessa Knaupp, coach de dirigeants, partage son parcours marqué successivement par des échecs et des succès dans un livre. Elle y dévoile six étapes pour guider les cadres vers un leadership authentique et leur donne les clés pour être un bon manager.
« Je suis très demandée en tant que coach parce que j’ai connu l’échec autant que le succès. Mes clients savent que je vais parfaitement comprendre ce qu’ils traversent. Mon superpouvoir est en réalité un mélange de franc-parler, de compassion et d’un certain courage né dans les cendres de mes propres déroutes » : ça annonce la couleur. Sur la couverture de son livre, Naked at Work – a Leader’s Guide to Fearless Authenticity (non traduit à l’heure actuelle, ndlr), on peut lire que Danessa Knaupp est coach de dirigeants, conférencière et experte en leadership. On s’étonne donc d’apprendre dans la foulée qu’elle a monté trois boîtes, que deux ont dû fermer, qu’elle a frôlé la faillite et n’a ni diplôme, ni formation en management. Après plusieurs expériences d’entrepreneuriat, et vingt ans à des postes de cadre supérieure dans les plus grosses entreprises américaines, la voici aujourd’hui coach à succès. Mais quel est son secret ?
Leadership américain : entre doutes et défis personnels
Les États-Unis sont-ils, comme on le pense souvent, une nation de fonceurs biberonnés à la pensée positive ? Pas franchement, selon Danessa Knaupp. Les dirigeants qu’elle côtoie disent généralement ne pas se sentir armés face aux enjeux de leur poste, qu’il s’agisse d’un vague sentiment de ne pas être à la bonne place ou d’un véritable syndrome de l’imposteur. Le simple souvenir de mauvaises décisions ou d’erreurs passées suffit à leur mettre des freins pour la suite. Ce cran d’arrêt à leur élan de meneur de troupes représente aussi un coût. La coach évoque le cas d’une structure où le temps et l’énergie consacrés par l’équipe à manager le big boss se chiffraient à quelque 500 000 euros par an, ce qu’elle déplore : « J’ai œuvré auprès de centaines de dirigeants et mon constat est toujours le même : nous avons le pouvoir de nous transformer, et d’en faire autant avec nos équipes. Pas besoin d’années de thérapie ou de cursus hors de prix. Cela réclame une conscience de soi, une réelle volonté, des efforts et une voie à suivre ». Dans son ouvrage, elle explique comment elle accompagne ses clients, cadres supérieurs dans les plus grandes entreprises du pays.
On ne naît pas bon manager, on le devient
Avant de passer votre propre parcours au crible, Danessa Knaupp insiste sur une chose : le manager parfait n’existe pas, pas plus que le chemin idéal vers les plus hautes fonctions. Si son activité de coaching est désormais florissante, elle a subi de plein fouet l’échec de sa start-up, dans le secteur de la food, en 2007. Et il lui a fallu du temps pour arrêter de se flageller : « J’adorerais raconter que cet épisode a tout de suite fait de moi une manageuse solide. Mais ce n’est pas le cas. J’étais engluée dans mon sentiment d’échec. Après l’arrêt de mon activité, je marchais constamment sur des œufs », avoue-t-elle.
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Ne pas craindre l’authenticité pour être un bon manager
Danessa Knaupp a pu réintégrer l’entreprise qu’elle avait quittée, au poste qu’elle occupait, sans toutefois parvenir à donner du sens ou de la valeur à son échec entrepreneurial. Jusqu’au jour où une collègue lui explique que son retour d’expérience vaut tous les blablas du monde, qu’il pourrait même servir aux autres, leur permettre d’éviter certains écueils. Aujourd’hui, la coach s’appuie sur ce qu’elle a vécu pour leur apprendre à diriger authentiquement, sans peur, et à être de bons managers. Voici les six étapes de son coaching, un processus qui s’accompagne d’un nécessaire retour à soi.
1. Jetez la honte aux orties
Entretenir un sentiment de honte consomme beaucoup de temps. Alors pour commencer, confrontez-vous à vos possibles freins. Vous pensez que d’autres sont plus qualifiés que vous pour le poste, que leur parcours est exemplaire, qu’ils ne se sont jamais pris les pieds dans le tapis ? Peut-être, mais ressasser ce genre de pensées vous dessert plus qu’autre chose et ne vous aidera pas à être un bon manager : « La honte paralyse. Elle nous maintient dans le passé, elle est tout sauf productive ».
2. Regardez votre réalité en face et acceptez-la
Avant de vous échafauder un aller simple vers le succès, vous devez observer de près votre situation actuelle. Danessa Knaupp suggère de passer par une analyse personnelle de vos forces, faiblesses, opportunités et menaces (ou SWOT pour les intimes). Vous n’êtes pas un habitué de l’introspection ? La coach propose une série de cinq questions dont le but est d’aller chercher des réponses enfouies en vous et de révéler votre identité et vos aspirations profondes. Laissez-vous cinq minutes pour répondre librement à chacune d’elles. L’analyse vient dans un second temps.
- Qui êtes-vous ?
- Qu’avez-vous fait ?
- En quoi croyez-vous ?
- Que défendez-vous ?
- En quoi êtes-vous, et seulement vous, qualifié pour apporter votre pierre à l’édifice ?
Danessa Knaupp s’appuie sur deux autres exercices pour aider ses clients à se faire une idée précise de leurs talents et leurs belles réalisations. Le premier, une cartographie des hauts et des bas dans votre carrière, reprend les épisodes d’échec ou de succès dans votre parcours, ou ceux perçus comme tels. Les étudier de près peut vous donner des idées pour recréer les conditions dans lesquelles vous vous sentiez au top et explorer de nouvelles pistes d’action avec pour objectif de devenir un bon manager.
L’exercice suivant consiste à écrire une lettre dans laquelle vous vous mettez ouvertement en avant. Elle peut être adressée à votre mère, à un oncle dont vous êtes proche ou même à votre animal de compagnie. Dans ce courrier, dites clairement de quoi vous êtes fier, même si cela n’a aucun lien avec votre travail. Une fois que c’est fait, ne revenez pas sur ce que vous avez écrit. Tentez plutôt de repérer les dénominateurs communs entre tous vos exemples.
3. Repensez ou balayez les histoires que vous vous racontez inutilement
Vous pouvez apprendre à réviser vos propres récits internes négatifs de manière à ce qu’ils vous soient utiles. Danessa Knaupp était persuadée d’être nulle en sport depuis une mauvaise expérience à l’âge de six ans. Une croyance qui tournait en roue libre et s’était ancrée en elle. À quoi bon essayer puisqu’elle ne se considérait pas comme une personne sportive ? Un beau matin, elle a décidé d’opérer un virage mental sur la question. Quelque temps plus tard, après un entraînement adapté, elle a achevé un semi-marathon. Nous sommes nombreux à porter en nous des histoires secrètes, sur nous ou sur d’autres, précise-t-elle. Répétées à l’envi, elles deviennent des constats que nous pensons objectifs. Et pourtant… « Nous n’avons généralement pas bien conscience des histoires que nous nous racontons, et encore moins de leur emprise sur nous, jusqu’au jour où nous les observons de près, où nous comprenons les épisodes que nous avons choisis de retenir et prenons le temps de voir comment ils ont modelé notre regard et nos croyances. »
4. Des pépites cachées
Toute expérience, même gênante ou difficile, porte en elle un enseignement.Instagram est né parce que les créateurs de Burbn, une appli pour organiser des sorties, ont remarqué que les utilisateurs passaient finalement plus de temps à y partager des photos. Leur idée de départ ne fonctionnait pas. Le sentiment de honte aurait pu les museler, mais ils ont su en parler ouvertement. Ils se sont penchés sur ce qui fonctionnait et ne fonctionnait pas, et s’en sont servi comme tremplin pour la suite. Sans cela, Instagram n’existerait peut-être pas aujourd’hui. « Quand on distingue l’échec de la honte et qu’on regarde les choses différemment, on peut tirer profit d’une expérience. Bien entendu, on ne rebondit pas toujours comme on le voudrait. Il arrive qu’on se plante la fois suivante et celles d’après… et les suivantes aussi », relativise Danessa Knaupp.
« Quand on distingue l’échec de la honte et qu’on regarde les choses différemment, on peut tirer profit d’une expérience. »
5. Mettez-vous à nu (de la bonne manière) pour être un bon manager
Faire tomber le masque et remiser votre armure au placard vous permet de vous concentrer davantage sur vos missions et ainsi d’être un bon manager. Il sera en effet plus facile pour vos collaborateurs de vous faire confiance, affirme Danessa Knaupp. Commencez et terminez chaque jour avec des interactions humaines, mais dans un bon dosage. Vous n’avez pas besoin de parler de votre vie privée ou de partager vos opinions personnelles au travail.
Vous pouvez passer à un management authentique en suivant ces trois étapes :
- Soyez pleinement humain au bureau.
- Traitez toujours les autres avec sincérité et compassion.
- Adoptez et conservez une posture de novice. Soyez curieux.
En d’autres termes, pour Danessa Knaupp il s’agit de « se mettre à nu, ce qui signifie arrêter de faire tout et n’importe quoi pour donner l’impression de manager, faire semblant ou mettre sa gêne sous le tapis. En bref, écarter tout ce qui n’est pas purement lié au fait de faire avancer toute votre équipe dans le bon sens. Faites confiance à vos capacités de leadership ».
6. Plantez-vous et recommencez
Si diriger avec cœur et courage vous semble difficile, c’est parce qu’être un bon manager l’est, souligne Danessa Knaupp. Trouver ça dur ne veut pas dire que vous vous y prenez mal. Commencez (vraiment) petit et progressez à partir de là. « Il n’y a aucun mal à se sentir seul et dépassé, à faire des erreurs. Identifiez votre zone d’inconfort productif : c’est votre point de départ, même s’il est tout petit. »
L’idée de vous montrer authentique au travail n’est peut-être pas celle qui vous rassure le plus et il y a des chances que vous vous sentiez très exposé. Cependant vous avez énormément à y gagner. L’ouvrage de Danessa Knaupp ne propose rien d’impossible, mais réclame d’être honnête avec soi-même si l’on veut en tirer de vrais bénéfices et devenir ainsi un bon manager.
Pour ceux qui maîtrisent l’anglais, il n’est pas long à parcourir, car les redites sont nombreuses. Ce n’est peut-être pas le guide du leadership que l’on attendait, mais probablement celui qui nous manquait. Le mot de la fin : « Lorsque vous aurez calmé la cacophonie dans votre tête et laissé place à ce qu’il y a de mieux et de plus authentique en vous, vous aurez en main toutes les clés pour manager et entraîner vos équipes vers demain ».
Traduit de l’anglais par Sophie Lecoq ; photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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