Entretien avec un RH, un CEO, un manager : comment s'adapter à l'interlocuteur ?

25 juil. 2023

5min

Entretien avec un RH, un CEO, un manager : comment s'adapter à l'interlocuteur ?
auteur.econtributeur.e

Vous avez bientôt rdv avec votre potentiel futur manager ? Pensez "savoir-faire" ! Avec le CEO ? Si vous êtes arrivé jusque là, c’est bon signe : soyez naturel ! Avec le RH ? Il cherche un candidat qui saura s’adapter à la culture de l’entreprise : cette fois-ci, pensez "savoir-être" ! Cerner les intérêts du recruteur permet de mieux préparer votre entretien. En effet, si ces interlocuteurs peuvent poser des questions similaires, ils n’attendent pas (du tout) les mêmes réponses. Alors, pour mettre toutes les chances de votre côté, sachez vous adapter à celui qui vous reçoit.

Ces trois interlocuteurs ont des métiers et des expertises différentes. Par conséquent, ils n’ont pas les mêmes attentes concernant un candidat. Par exemple, le CEO qui est généralement le fondateur de la structure voit loin, c’est aussi une des raisons qui explique qu’il occupe cette place stratégique. S’il connaît tout l’historique et l’évolution de l’entreprise en question, ce dernier souhaite toujours conserver un coup d’avance et aura tendance à rechercher une personne avec des idées.

Le manager, lui, est plus ancré dans le quotidien : il pensera « efficacité », mais aussi harmonie avec les personnalités qui composent déjà son équipe. Vous aurez intérêt à lui parler de vos expériences qui prouvent que vous êtes fait pour ce poste et à montrer que vous saurez également vous adapter aux autres.

Quant au RH, il est à cheval entre le passé, le présent et le futur de l’entreprise. Animé par une logique de flux, s’il ne connaît pas toujours les spécificités de votre poste, il évalue l’adéquation de votre profil avec la culture de l’entreprise et votre potentiel d’intégration. Toutefois, selon la taille de l’entreprise et le secteur concerné, le rôle de ces dirigeants n’est pas le même. Ainsi, le patron d’un grand groupe industriel à l’organisation très verticale, sera abordé différemment d’un dirigeant de start-up où le tutoiement est généralement de mise. Autrement dit, ils parlent tous la même langue, mais chacun possède son propre dialecte !

Entretien avec le manager : montrez que vous êtes déjà opérationnel

Aurore Wisniewski, consultante en gestion de carrière, distingue trois questions que vous devez avoir en tête lors de l’entretien avec votre futur manager. Ce dernier ne les posera pas directement, mais les exprimera en filigrane :

  • « Êtes-vous déjà opérationnel pour le poste ? » Il veut du concret.
  • « Allez-vous vous intégrer à l’équipe ? » Il recherche la synergie de groupe.
  • « Ai-je envie de travailler avec cette personne tous les jours ? » Il cherche une personne avec des qualités relationnelles.

« Au manager, prouvez que vous savez bosser !, martèle la spécialiste en recrutement. Vous devez être factuel, savoir parler de vos qualités et de vos défauts techniques, utiliser le vocabulaire métier, mais aussi révéler votre personnalité. Le manager sait de quoi vous parlez, mais surtout, il connaît ses équipes. C’est pourquoi il va chercher à cerner votre personnalité pour déterminer si vous allez ou non pouvoir vous intégrer aux autres. Le recrutement c’est une histoire de compétences, mais aussi de feeling ! »

Pour Aurore Wisniewski, l’entretien avec le manager est crucial dans la mesure où, s’il vous veut, c’est lui qui sera votre faire valoir auprès du CEO ou du RH qui aura le dernier mot sur votre recrutement. « Plutôt court termiste, le manager est souvent à son poste pour une durée de deux ou trois ans ce qui influence sa vision et ses attentes. Le manager doit être rassuré sur votre connaissance du métier, mais il est également là pour mieux vous comprendre et vous connaître. Il a tout intérêt à ne pas perdre de temps ! »

Entretien avec le RH : soyez collaboratif

Le RH non plus n’a pas de temps à perdre, mais sa vision s’inscrit davantage dans la durée : il veut que vous restiez le plus longtemps possible dans l’entreprise. Ayez en tête une chose : l’ennemi du RH c’est bel et bien le turn-over ! Le recrutement prend du temps et coûte de l’argent à l’entreprise. Son but est donc de minimiser les coûts salariaux. Selon Aurore Wisniewski le RH ne connaît pas toujours les spécificités de votre travail, il va donc plutôt chercher à savoir si votre profil colle à l’éthique de l’entreprise. Coach professionnelle depuis 2009, Magalie Augier ajoute : «Allez-vous faire partie du problème ou de la solution ? Au-delà du poste, le RH a une vision holistique du candidat (tient compte de ses dimensions physique, mentale, émotionnelle, familiale, sociale, culturelle, spirituelle, ndlr). Il est ancré dans une logique de carrière tournée sur le long terme. Il recherche un candidat respectueux de la hiérarchie mais aussi capable de s’adapter dans le temps. »

Souvent, l’entretien avec le RH est un premier filtre qui vérifie que votre profil - et surtout vos soft skills et vos prétentions salariales - sont en adéquation avec le poste et la culture de l’entreprise.

Avant de vous rendre à un entretien avec un RH, sachez que vous devrez certainement parler de :

  • Vos qualités et défauts (hard skills / soft skills) ;
  • La culture d’entreprise qui vous correspond ;
  • Vos expériences passées qu’elles aient été bonnes ou mauvaises ;
  • Comment et où vous vous voyez évoluer ;
  • Vos prétentions salariales et autres avantages…

Entretien avec le CEO/DG, ayez des idées innovantes

La culture d’entreprise est d’abord portée par le CEO ou le directeur général de l’entreprise qui cherche toujours à recruter des « perles rares » afin d’améliorer la « performance collective ». Il va se demander si vous êtes différent des autres candidats, et si oui pourquoi. « Le CEO cherche de la valeur ajoutée ! Alors que le manager recherche la performance de ses équipes, le CEO pense d’abord au global et donc à celle de l’entreprise, explique Aurore Wisniewski.Il a une vision macro : le N+2 a une vision structurelle de l’entreprise, il est friand de processus innovants et recherche des profils, du sang neuf, avec des idées. »

À votre sujet, il souhaite savoir :

  • Avez-vous une vision stratégique ? Le CEO/DG veut pérenniser ses structures.
  • Avez-vous un potentiel évolutif ? Le CEO/DG veut un organigramme sans « poste à trou »

À noter : si vous avez obtenu un rendez-vous avec le CEO, c’est plutôt bon signe puisque l’entretien intervient (presque toujours) à la fin du processus de recrutement ! Il s’agit donc généralement d’un rendez-vous qui viendra seulement valider que votre profil est vraiment le plus adéquat pour le poste. Pour cette raison et même si cela peut être impressionnant, ne surjouez pas et restez le plus naturel possible !

Dans les start-ups une complémentarité des rôles

Attention toutefois, ce n’est pas la même chose de rencontrer un CEO lorsqu’on postule dans une petite structure, dans une start-up ou dans un grand groupe. Stephanie Darmon-Rigail, responsable RH au Ministère des armées et coach, observe par exemple davantage de complémentarité dans les rôles dans l’univers start-up : « Est ce que tu as l’esprit de la team ? Il y a souvent une dimension RH intégrée dans cet écosystème avec une organisation horizontale où l’on va tutoyer le directeur. Le manager, le RH et le CEO vont tous venir valider l’adéquation soft skills et de la culture de l’entreprise. Dans ce cadre, la réussite de l’entretien peut se jouer sur d’autres qualités comme le charisme ou l’aisance relationnelle. Depuis le COVID surtout, les entreprises recherchent une intelligence émotionnelle, le candidat doit rassurer le recruteur à ce sujet et lui montrer qu’il sait rebondir. »

Stéphanie Darmon-Rigail note toutefois une différence en fonction de l’âge : « Si vous êtes un profil senior, on vous posera moins de questions formelles et techniques. Le recruteur recherchera davantage un échange spontanée. Tous les recruteurs, qu’importe le poste qu’ils occupent, recherchent un talent et non plus un expert, c’est juste que cette recherche s’exprimera à différents niveaux et sous différentes formes. »

Enfin, il se peut que vous ayez rendez-vous avec un cabinet de recrutement : dans ce cas, pensez allié ! « Faites “copain-copain” avec le chasseur de têtes et posez un maximum de questions sur le profil exact que l’entreprise recherche, conseille Aurore Wisniewski. N’oubliez pas que le but premier du cabinet de recrutement est de vous faire embaucher le plus rapidement possible. Pour favoriser votre réussite et donc la leur, le cabinet donnera des infos sur ce que l’entreprise recherche, que le RH ne fait jamais. Profitez-en ! »

Soyez rassurant !

Pour résumer, ne vous demandez pas seulement ce que vous allez montrer à votre interlocuteur mais sachez vous mettre à leur place. « Vous devez vous demander de quoi chaque personne a besoin. Par exemple, vous pouvez faire une analyse sémantique de l’offre d’emploi afin de déterminer les besoins liés à la culture d’entreprise visée. L’idée, c’est de rassurer car l’échec du recrutement coûte cher au candidat comme à l’entreprise. Tout le monde a donc intérêt à ce que ça marche », analyse Magalie Augier. Il faut donc que vous prouviez votre capacité à rebondir, à vous adapter car les compétences techniques sont généralement vite obsolètes, d’où l’intérêt pour vous de déterminer en amont les soft skills qui sont recherchées.

Finalement, la frontière entre le manager, le RH et le CEO, dans un monde professionnel où les soft skills valent de l’or, devient de plus en plus poreuse. Alors, plus vous aurez d’informations sur votre recruteur, plus il vous sera facile d’improviser !

Article édité par Romane Ganneval ; Photo par Thomas Decamps