Entretien d'embauche : comment captiver ses interlocuteurs grâce à sa voix ?
24 sept. 2020
4min
Journaliste
Vous aviez soigné votre accoutrement, travaillé votre discours à la lettre, connaissiez la culture de l’entreprise et la fiche de poste sur le bout des doigts, mais voilà, vous aviez oublié un outil aussi efficace que négligé : votre voix. À l’heure où les entretiens téléphoniques et en visioconférences prolifèrent de toute part, la voix est au centre de l’attention pour justement parvenir à la capter. Les signes vocaux et para-verbaux (silences, tonalités, différentes modulations…) laissent entrevoir votre personnalité ainsi que vos émotions, offrant la possibilité de créer une connivence, dans le face-à-face physique comme à distance. Découvrez comment vous distinguer grâce au pouvoir sous-estimé de votre voix.
L’insoupçonné pouvoir de la voix
Pallier l’absence physique
« L’image que l’on renvoie, lorsque l’on communique, dépend bien sûr de notre contenu mais aussi de notre corps et de notre voix », explique Margaux Lefebvre, coach et formatrice en communication vocale. Pour la spécialiste en prise de parole, il est fondamental de maîtriser sa voix qui doit servir nos propos et non les desservir. « C’est d’autant plus vrai à distance, au téléphone. Comme le corps disparaît, la voix devient une source d’informations encore plus importante ; en visioconférence, le corps est là, mais dans une version “dégradée”, “incomplète”. » Les ondes corporelles dégagées par la présence physique disparaissent, d’où l’intérêt de veiller encore plus à la manière dont on s’exprime.
Révéler les émotions
Qui n’a pas déjà, en décrochant son téléphone, évalué par un simple “Allô”, l’humeur de son interlocuteur ? La voix offre une palette d’émotions riches en couleurs. En colère, notre coeur et notre respiration s’accélèrent, notre voix chevrote, le débit se fait plus rapide, l’articulation contrariée. Triste, notre gorge se serre, et ce n’est pas seulement une image, mais bien notre cerveau qui agit sur la contraction du larynx par le nerf vague, rendant ainsi la respiration plus difficile. De même, deux bandes musculaires situées au-dessus des cordes vocales se contractent en situation de stress. Une bonne maîtrise de votre voix est donc nécessaire, au risque de la laisser prendre le contrôle sur vous. Margaux Lefebvre insiste sur le pouvoir évocateur de la voix : « On y décèle de l’enthousiasme, de l’intérêt, du sérieux… Or, la décision d’embaucher quelqu’un est une décision émotionnelle autant que rationnelle. »
Donner du relief au discours
Vous n’êtes pas un robot : pas question d’adopter un ton monocorde. Sans émotions, le storytelling le mieux ficelé paraîtra fade. Sans en faire trop et en vous adaptant à votre interlocuteur, entraînez-vous à faire ressortir l’énergie qu’il y a en vous, véritable moteur pour donner vie à votre message. « L’émotion n’est pas votre ennemie : c’est au contraire elle qui va donner à votre voix ses intonations, ses variations et donc son caractère “vivant” », souligne Margaux Lefebvre.
Communiquer enthousiasme et motivation
Saviez-vous que votre sourire s’entend ? Que ce soit au téléphone, par visioconférence ou en face à face (même sous un masque). Sans même regarder votre expression, votre interlocuteur entendra si vous faites la tête ou si vous êtes tout sourire. Si vous commettez des erreurs dans votre speech, un ton enjoué pourrait bien rattraper le coche — les imperfections langagières étant ainsi moins remarquées. L’enthousiasme se transmettra également par la tonalité et le dynamisme de votre voix. De cette façon, vous apporterez de l’intensité à votre discours et montrerez que vous êtes motivé.
La voix : cet instrument de musique
Ralentir la cadence : l’avion n’est pas dans trois minutes
Une erreur fréquente consiste à laisser jaillir un flot de paroles, noyant le recruteur dans un pêle-mêle d’idées. Le fait de parler vite traduit une pression, comme si quelque chose à l’intérieur de vous vous poussait à écourter le moment. Au contraire, installez-vous pour dire ce que vous avez à dire tranquillement. Afin d’offrir un discours accrocheur, ralentissez votre débit, il ne s’agit pas d’une course à la montre.
Marquer des pauses… pour marquer
On a souvent peur du silence et on se précipite pour le combler avec des « heu, alors, ben, donc », à tort et à travers. À la place, n’hésitez pas à ponctuer votre prise de parole par un bref silence à la fin d’une phrase que vous jugez pertinente. Cela laissera à votre interlocuteur le temps de bien saisir et retenir le sens de vos propos. Marquer des arrêts, sera aussi un excellent moyen de reprendre votre respiration. N’oubliez pas qu’il ne s’agit pas d’un monologue, « les silences vont permettre de laisser de la place à son interlocuteur », rappelle la coach en prise de parole.
Respirer par le ventre pour la tonalité et le rythme
Précipitation, ton monotone, débit saccadé : il y a de grandes chances qu’une meilleure respiration règle ces problèmes. Votre posture influe sur la prise d’air, avachi, votre respiration n’en sera que moins bonne : d’où l’intérêt de vous tenir droit, les épaules relâchées et la cage thoracique ouverte. Une fois placé ainsi, respirez profondément en gonflant le ventre. L’amplitude et la couleur de la voix dépendent aussi d’une respiration pleine, ventrale, qui remplit la partie basse des poumons.
L’art oratoire : parler distinctement
Ar-ti-cu-ler pour capter l’attention
Si vous mâchez vos mots, le recruteur va devoir tendre l’oreille, cela lui demandera des efforts et le fatiguera dès le début de votre entretien. Pour éviter de transformer la séance en jeu de mimes, prenez les mots en bouche. Quand on n’articule pas, cela provient souvent du fait de garder les dents trop serrées, comme si l’on ne voulait pas laisser le message sortir. Pour pallier cela, entraînez-vous à exagérer voyelles et consonnes armé d’un crayon entre les dents : cela oblige à ouvrir la bouche et à délier la parole.
Faire porter sa voix pour être entendu
Cette petite voix qui semble exprimer un « je ne veux pas déranger… », doit davantage s’affirmer. On évite les voix trop faibles qui perdent du corps, tout comme de marmonner des phrases inaudibles dans sa barbe, au risque de paraître peu convaincu par ce que l’on raconte. Pour être entendu, il faut projeter sa voix, ce qui signifie pas crier aux oreilles de votre interlocuteur, mais bien de parler loin, d’une voix claire et distincte. De cette façon, vous montrerez votre confiance en vous, votre dynamisme, et vous vous ferez entendre — ce qui n’est pas négligeable quand on tente de convaincre de sa légitimité à être embauché. Si toutes ces astuces vous permettront de devenir un candidat éloquent à la diction fluide, la coach en prise de parole rappelle que le plus important est de trouver sa propre voix : « Soyez vous-mêmes ! Parlez à votre manière, avec votre authenticité ! Ne croyez pas qu’il n’y a qu’une seule manière de bien utiliser sa voix. »
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