Entretien d’embauche : les phrases que l’on dit... versus ce que l’on pense vraiment

01 juin 2023

5min

Entretien d’embauche : les phrases que l’on dit... versus ce que l’on pense vraiment
auteur.e.s
Romane Ganneval

Journaliste - Welcome to the Jungle

Manuel Avenel

Journaliste chez Welcome to the Jungle

Aurélie Cerffond

Journaliste @Welcome to the jungle

contributeur.e

En entretien d’embauche, on met le paquet pour préparer un discours qui ravira les oreilles du recruteur. On n’hésite pas à flatter l’entreprise, on sort nos plus beaux superlatifs pour illustrer nos réalisations, on utilise des adjectifs si bien trouvés que chaque phrase que l’on prononce provoque des petites bulles d’amour dans son esprit… Tout ça, alors qu’on pense parfois rien de tout ce que l’on est en train de dire. Mais alors, que donnerait une version sans filtre de nos entretiens ? Liste non exhaustive de ce que l’on dit pendant ces entrevues versus ce que l’on pense vraiment.

  • Ce que l’on dit : « J’ai toujours rêvé de travailler dans votre entreprise. »
    Ce que l’on pense : « Jamais entendu parler de cette boîte avant de tomber sur cette offre d’emploi, merci Google. »

  • Ce que l’on dit : « Après mon master, j’ai ressenti le besoin de me recentrer en partant à l’étranger pour mieux aborder mon début de carrière et savoir ce que je voulais vraiment… »
    Ce que l’on pense : « Après cinq ans à cravacher pour obtenir mon diplôme, et avant d’enchaîner sur 40 ans à bosser avant la retraite, j’avais bien mérité un petit road trip salvateur. »

  • Ce que l’on dit : « Ma plus grande qualité, c’est sûrement ma curiosité. »
    Ce que l’on pense : « Je n’ai pas de sujet de prédilection, je mets ça sur le dos de la “curiosité”, plus chic que “j’ai tendance à papillonner” .»

  • Ce que l’on dit : « Mon métier me permet de m’accomplir pleinement. »
    Ce que l’on pense : « J’ai besoin de travailler pour payer ma vraie vie qui commence quand je quitte le bureau. »

  • Ce que l’on dit : « Dans mon ancien poste j’étais payé 4 000 euros par mois, cette fois-ci je vise plutôt un salaire de 4 500 euros. »
    Ce que l’on pense : « J’étais payé au lance-pierre mais je vais bien te rouler mon coco. »

  • Ce que l’on dit : « Dans cinq ans, je me vois bien à la direction de mon pôle. »
    Ce que l’on pense : « J’espère que dans cinq ans je pourrais partir en van, vivre ma meilleure vie loin des open spaces. »

  • Ce que l’on dit : « Je vais négocier avec mon employeur actuel pour tenter de réduire ma période de préavis et vous rejoindre au plus vite mais je ne peux évidemment rien promettre. »
    Ce que l’on pense : « Je vais tenter de réduire ma période de préavis, mais je te dirai que ça n’a pas fonctionné pour pouvoir chiller un mois avant de prendre mes fonctions. »

  • Ce que l’on dit : « Pas de télétravail ? Pas de souci, je préfère venir au bureau de toute façon. »
    Ce que l’on pense : « Pas de télétravail ? Au revoir.»

  • Ce que l’on dit : « Yes I can switch to English, I’m fluent! »
    Ce que l’on pense : « Je m’apprête à vivre les 5 minutes les plus humiliantes de ma vie. Brian is in the merde noire. »

  • Ce que l’on dit : « Pour ce qui est de mes loisirs, je suis vraiment passionné de sports collectifs, notamment le football. L’esprit d’équipe est très important pour moi… »
    Ce que l’on pense : « Je ne regarde que les matchs de coupe du monde, et c’est juste une excuse pour boire l’apéro avec mes potes. L’esprit d’équipe j’ai dit ! »

  • Ce que l’on dit : « Ma plus grande qualité, c’est sans conteste l’organisation. »
    Ce que l’on pense : « Si ma mère entendait ça… »

  • Ce que l’on dit : « Vous pourriez me décrire l’ambiance et la culture de votre équipe ? »
    Ce que l’on pense : « Est-ce que vous êtes du genre à faire la blague “T’as pris ton aprem ?” »

  • Ce que l’on dit : « Ok, donc vous me tenez au courant d’ici à la fin de la semaine c’est bien ça ? »
    Ce que l’on pense : « Comme les recruteurs ont la même perception du temps que nos amis les chiens, il faut multiplier par 7. Donc, à dans deux mois !»

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  • Ce que l’on dit : « Ah, volontiers pour un verre d’eau. »
    Ce que l’on pense : « Si je ne bois pas, je vais m’étouffer de stress. Vite. De l’eau ! »

  • Ce que l’on dit : « Et vous, ça fait combien de temps que vous êtes dans l’entreprise ? »
    Ce que l’on pense : « J’ai passé trois heures à stalker ton LinkedIn donc je le sais déjà. Je connais aussi le nom de ton chat, ton numéro de sécurité sociale et je suis même tombé sur ton compte Skyblog… Titejujudu88. »

  • Ce que l’on dit : « Ils sont super sympas vos locaux ! »
    Ce que l’on pense : « C’est aussi glauque qu’un hôtel une étoile en bord d’autoroute, mais on ne va pas faire le difficile. »

  • Ce que l’on dit : « Je vous remercie de me donner l’opportunité de vous rencontrer et de discuter de ma candidature. »
    Ce que l’on pense :« J’ai été ghosté par les trois quarts des recruteurs comme si j’avais la peste. Heureusement que vous m’avez répondu, sinon j’étais prêt à troquer mon col blanc contre un costume de clown. Qui sait, peut-être qu’au moins j’aurais été pris davantage au sérieux. »

  • Ce que l’on dit : « En effet, j’ai été très engagé dans le domaine éducatif en tant que dispensateur éclairé de cours de mathématiques, ce qui m’a permis de développer une maîtrise sans égale des arcanes des chiffres. »
    Ce que l’on pense : « J’ai fait du soutien scolaire à un gamin en classe de CE1, histoire de lui apprendre les tables de multiplication et de me rafraîchir la mémoire au passage (la table de neuf m’a toujours fait galérer.) »

  • Ce que l’on dit : « Mes années d’expériences m’ont permis de parfaitement maîtriser les méandres d’Excel. »
    Ce que l’on pense : « Mon historique YouTube est rempli de tutos dispensés par des gamins de 12 ans “comment créer des tableaux croisés dynamiques”. »

  • Ce que l’on dit : « J’aime bien les nouveaux challenges. »
    Ce que l’on pense : « Je me faisais chier dans mon ancien poste et je n’avais pas de perspectives d’évolution. »

  • Ce que l’on dit : « Est-ce que vous avez mis en place des grilles salariales dans votre entreprise ? »
    Ce que l’on pense : « Bon maintenant que j’ai dit ce que tu voulais entendre, c’est combien ? »

  • Ce que l’on dit : « J’ai eu la chance de faire ce projet parce que j’étais au bon endroit au bon moment…»
    Ce que l’on pense : « Je ne veux pas passer pour quelqu’un de prétentieux, mais rien n’arrive par hasard… »

  • Ce que l’on dit : « Il nous arrivait d’avoir quelques divergences de forme avec mon ancien employeur, mais il m’a beaucoup appris. »
    Ce que l’on pense : « Mon ancien patron est un gros XXX. »

  • Ce que l’on dit : « J’ai une période de préavis à respecter pour quitter mon entreprise, mais je vais me renseigner pour vous ce qui est possible. »
    Ce que l’on pense : « J’en peuxxxxxxx plus !!!!! T’as intérêt à m’embaucher ! »

  • Ce que l’on dit : « Disons que j’ai un parcours un peu original. »
    Ce que l’on pense : « Bon ok, j’ai testé pleins de trucs parce que j’ai tendance à m’emballer un peu trop vite et déchanter après. »

  • Ce que l’on dit : « Ce nouveau challenge professionnel me motive, j’ai grandement envie de m’investir pour monter en compétences à vos côtés. »
    Ce que l’on pense : « J’ai lu sur l’annonce qu’une expérience de 10 ans était nécessaire pour ce poste, mais je pense que je peux m’en sortir avec 2. Laissez-moi vous le prouver. »

  • Ce que l’on dit : « Je possède de grande capacités d’adaptation et fait preuve de beaucoup de flexibilité. »
    Ce que l’on pense : « C’est vraiment ce qu’il faut dire ? J’ai l’impression que ça collerait davantage au recrutement d’un contorsionniste. »

  • Ce que l’on dit : « Quelles sont les perspectives d’évolution dans cette entreprise ? »
    Ce que l’on pense : « Tôt ou tard, j’aspire à prendre ta place. »

  • Ce que l’on dit : « J’ai acquis de sérieuses compétences au cours de mon cursus et continue à développer mes skills en autodidacte. Dernièrement, je suis passé expert en rédaction web. »
    Ce que l’on pense : « J’ai créé un compte sur ChatGPT. »

  • Ce que l’on dit : « Quels seront les prochains axes de développement de votre société ? »
    Ce que l’on pense : « C’est le moment où je dois montrer que je m’intéresse aussi à vous et trouve le projet vraiment super… On parlera salaire juste après, ça me donnera un air désintéressé. »

Article édité par Romane Ganneval ; Photo par Thomas Decamps.

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